En RDC, des enfants victimes de violences sexuelles
11 avril 2025Depuis près de trois mois, les villes de Goma et Bukavu, chefs-lieux respectifs des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, sont en proie à une situation dramatique. Sous le contrôle des rebelles de l’AFC-M23, soutenus par le Rwanda, ces régions vivent au rythme des combats et d’une crise humanitaire alarmante.
La société civile locale tire la sonnette d’alarme : femmes et enfants paient le plus lourd tribut. En seulement deux mois, près de 10.000 cas de viols et de violences sexuelles ont été recensés. Une statistique effrayante qui inquiète profondément l’UNICEF. L’agence onusienne note également une hausse sans précédent de la violence sexuelle contre les enfants.
"Le taux de violence sexuelle contre les enfants n’a jamais été aussi élevé. Selon les récents rapports, les enfants représentent entre 35 et 45 % des cas recensés rien qu’en janvier et février", alerte James Elder, porte-parole de l’UNICEF.
Viol comme arme de guerre
L’organisation onusienne dénonce l’usage du viol comme arme de guerre et tactique délibérée de terreur, destructrice pour les familles et les communautés.
Dans le Sud-Kivu, la société civile confirme l’ampleur de la détresse humanitaire. Selon son président, Hypocrate Marume, les populations déplacées vivent dans des conditions déplorables, sans accès aux soins ni à une alimentation suffisante.
"De nombreux enfants, qu’ils soient scolarisés ou non, ont fui avec leurs familles vers Kalehe et d’autres localités, sans recevoir la moindre assistance. Ils vivent sans médicaments, sans nourriture, et sont exposés à de nombreuses maladies", a-t-il expliqué.
La société civile appelle d’urgence à l’ouverture d’un couloir humanitaire pour acheminer l’aide aux personnes déplacées et aux victimes de la guerre. Elle exhorte également le gouvernement congolais et les groupes rebelles à trouver une issue à cette crise qui ravage l’est du pays.
Mais sur le terrain, les combats se poursuivent, et les appels au cessez-le-feu semblent rester lettre morte. En attendant une solution politique, ce sont des milliers de familles qui continuent de vivre dans la peur, la précarité et le silence.