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La RCA peine à faire la transparence dans le secteur minier.

Jean-Fernand Koena
7 février 2025

Une situation qui risque de contraindre le pays à l’exclusion de l'ITIE et qui fait réagir la société civile.

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La mine d'or de Ndassima
La mine d'or de Ndassima est désormais exploitée par des sociétés russesImage : Thierry Bresillion/AA/Picture alliance

Alors que la République centrafricaine se félicite de la levée de l’embargo par le Processus de Kimberley sur le diamant centrafricain, le rapport national du secrétariat technique de l’Initiative de transparence dans le secteur extractif (ITIE) est venu apporter de nouveau une note négative. 

"L’exhaustivité des données sur les revenus et paiements indique que 29 sociétés ont été retenues dans le périmètre de la conciliation, dont 19 du secteur minier, neuf du secteur forestier et deux du secteur pétrolier", rapporte Robert Moïdokana, ministre et secrétaire technique en charge de l’ITIE.

"Cependant, dans le secteur minier, trois seulement ont soumis leur formulaire de déclaration, notamment CCO, Doumta et HWDPO, et deux seulement dans le secteur forestier, à savoir Centrabois et IFB".

Pas de contrôle sur les exploitations par les sociétés russes

Parmi les entreprises qui n’ont pas répondu, il y a les sociétés russes exploitant les ressources minières et forestières, notamment la mine d’or de Ndassima, dans le centre du pays, et la mine d’uranium de Bakouma dans l’est. 

Dans ces zones d’exploitation, les autorités du pays n’ont pas de droit de contrôle sur les cahiers de charges et de production.

Le Premier ministre Félix Moloua s’est contenté de souligner la volonté du gouvernement de faire la lumière sur la manière de gérer le secteur extractif. 

Des recettes qui échappent à l'Etat 

En revanche, la société civile critique l’incapacité du gouvernement face à l’exploitation faite par les Russes, notamment l’ancien groupe Wagner, qui échappe à la comptabilité publique. 

"Il y a des ressources qui sont exploitées et qui échappent en termes de fiscalité et de recettes à l’Etat centrafricain", assure Paul Crescent Bénéinga porte-parole du groupe de travail de la société civile. 

"Il y a un rapport qui a été fait et qui dit que près d’un milliard de dollars en termes de bénéfices sont tirés de l’exploitation de l’or de Ndassima par an. Si nous prenons juste la moitié, cela nous fait 500 millions de dollars et cela fait combien de milliards en francs CFA ? Cela pourrait renforcer notre budget et nous pourrions investir".

Un mineur montre une pépite d'or extraite de la mine de Ndassima
La mine de Ndassima rapporterait près d'un milliard de dollars par an. Une manne financière qui échappe à l'Etat centrafricainImage : Thierry Bresilion/AA/picture alliance

Mettre en place un contrôle citoyen

Paul Crescent Bénéinga fait aussi le constat de la démission collective dans le contrôle citoyen.

"Aujourd’hui, ce rapport de l’ITIE vient nous rappeler la nécessité pour nous, Centrafricains, de pouvoir être regardants sur nos ressources minières", estime-t-il. 

"Il ne faut pas seulement interpeller le gouvernement qui n’a plus de pouvoir face au groupe russe Wagner, qui a la mainmise à 60% sur les ressources, il appartient aussi à la société civile, à la population, de faire le contrôle citoyen de l’action publique. Malheureusement, ce n’est pas le cas et donc la responsabilité est complètement partagée".

L’ITIE a d’ores et déjà ramené la RCA sous un régime de sanction, un revers en matière de gouvernance et un signal à la communauté financière internationale, dans un contexte de tension croissante sur le budget centrafricain.