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PolitiqueAfghanistan

Le programme allemand d'accueil de réfugiés afghans piétine

21 août 2025

Plus de 2.000 Afghans actuellement réfugiés au Pakistan attendent toujours de pouvoir rejoindre l’Allemagne, qui a promis de les accueillir face à la menace des talibans.

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Des réfugiés afghans montent dans un bus à Karachi au Pakistan
Les Nations unies dénoncent la vague d'expulsions d'Afghans menées par le Pakistan mais aussi l'Iran.Image : Fareed Khan/AP Photo/picture alliance

Plus de 2.000 Afghans actuellement réfugiés au Pakistan attendent toujours de pouvoir rejoindre l'Allemagne. Car c'est ce que Berlin leur a promis dans le cadre de programmes d'accueil lancés après le retour au pouvoir des talibans il y a quatre ans à destination de personnes menacées par le mouvement islamiste radical. Sauf que les retards s'accumulent et que le Pakistan mène une vaste opération d'expulsion des réfugiés afghans présents sur son sol.

Selon les Nations unies, plus de 300.000 Afghans réfugiés au Pakistan sont retournés, volontairement ou par la force, dans leur pays d'origine depuis le début de l'année. L'Onu condamne la vague d'expulsions massives menées par les autorités pakistanaises, alors que les talibans sont toujours au pouvoir en Afghanistan et que le pays, isolé sur la scène internationale, vit une profonde crise humanitaire.

Parmi les personnes expulsées récemment se trouvaient ainsi 200 Afghans à qui Berlin avait promis un statut de protection en Allemagne. Le gouvernement allemand dit s'engager pour permettre leur retour. Par ailleurs, près de 450 personnes en attente ont été arrêtées par la police pakistanaise et envoyés dans des centres de rétention en vue d'être expulsés avant d'être en partie relâchés.

Un homme armé tient la garde devant le portail d'entrée d'un centre d'expulsion à Islamabad.
Des centaines d'Afghans susceptibles d'être accueillis par l'Allemagne ont été enfermés dans des centres d'expulsion pakistanais.Image : Nabila Lalee/dpa/picture alliance

Des Afghans ayant travaillé pour l'Allemagne

Après la chute de Kaboul en août 2021, les autorités allemandes avaient lancé plusieurs programmes d'admission pour les Afghans courant un risque de persécution sous le régime taliban. 

Parmi eux se trouvent notamment des individus ayant travaillé pour l'armée allemande, que ce soit comme traducteur ou encore comme cuisinier, lorsque la Bundeswehr déployait encore des soldats en Afghanistan dans le cadre d'une coalition internationale née après les attentats du 11 septembre 2001. Or avoir œuvré pour une armée occidentale, c'est avoir soutenu l'ennemi selon les talibans.

Des dizaines de milliers de personnes accueillies en Allemagne

Après le retour au pouvoir du mouvement islamiste radical, l'ambassade allemande à Kaboul est fermée. C'est pourquoi les dossiers des personnes admises dans les programmes d'accueil allemands sont traités au Pakistan voisin.

Selon le gouvernement allemand et des chiffres publiés en février, plus de 35.000 Afghans ont pu rejoindre l'Allemagne par ces voies légales, dont plus de 20.000 agents locaux, ainsi que près de 15.000 personnes particulièrement vulnérables et leurs familles.

Reste que ces procédures d'admission ont toujours été critiquées pour leur lenteur, au point que désormais le ministère des Affaires étrangères allemand pourrait avoir à payer des amendes pour non-respect de ses engagements vis-à-vis des plus de 2.000 cas en suspens.

Friedrich Merz monte dans une voiture
Comme son prédécesseur Olaf Scholz, le chancelier Friedrich Merz veut accélérer les expulsions de demandeurs d'asile déboutés.Image : Michael Kappeler/dpa/picture alliance

L'immigration, thème central dans le débat politique allemand

Plus largement, c'est tout le débat hostile sur l'immigration en Allemagne qui remet en question l'accueil des réfugiés afghans.

Le nouveau gouvernement allemand de coalition dirigé par les conservateurs du chancelier Friedrich Merz s'est mis d'accord pour mettre fin "dans la mesure du possible” aux programmes d'admission.

Berlin a aussi repris ses expulsions vers l'Afghanistan, faisant fi des critiques de l'Onu et des défenseurs des droits humains qui rappellent que la Convention européenne des droits de l'homme interdit les expulsions en cas de risque de torture ou de traitement inhumain. Plus de 80 Afghans ayant été condamnée par le justice allemande ont ainsi été renvoyés le mois dernier dans leur pays par vol charter.

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais