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Pour Bruxelles, la sécurité de l’Europe est à "un tournant"

Marco Wolter | Avec agences
17 février 2025

Des dirigeants européens sont réunis en urgence à Paris pour répondre à "laccélération" de Donald Trump sur l'Ukraine et à la rupture idéologique des Etats-Unis.

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Emmanuel Macron serre la main d'Olaf Scholz dans la cour de l'Elysée
Emmanuel Macron (à gauche) à téléphoné à Donald Trump avant la réunion de ParisImage : Tom Nicholson/Getty Images

Pour Volodymyr Zelensky, l'Ukraine "ne reconnaîtra" aucun accord conclu sans elle sur son avenir. Le président ukrainien commentait ainsi la nouvelle dynamique engagée par Donald Trump et Vladimir Poutine. Les Etats-Unis et la Russie veulent négocier directement un accord de paix pour l'Ukraine. Sans avancer de plan concret et avant même toute discussion, le président américain a déjà fait des concessions à Moscou.

La nouvelle administration américaine semble vouloir faire cavalier seul. Au grand dam de Kiev, mais aussi de l'Union européenne, que Washington est en train de mettre sur la touche.

La semaine prochaine, le 24 février, marquera déjà le troisième anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ursula Von der Leyen, la cheffe de la Commission européenne, se rendra en Ukraine à cette occasion. Comme pour signaler au plus haut niveau qu'il ne faut pas que l'Europe soit marginalisée dans les discussions sur l'avenir du pays.

Car c'est bien ce qu'ont laissé entendre les présidents américain et russe. Donald Trump et Vladimir Poutine se sont longuement parlé au téléphone la semaine dernière. Ils veulent négocier directement lors d'un sommet annoncé en Arabie Saoudite. Aujourd'hui, le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, est arrivé à Ryad où il devrait rencontrer demain son homologue russe Sergueï Lavrov.

JD Vance lors de son discours à la Conférence sur la sécurité à Munich
JD Vance s'en est violemment pris à l'Europe lors de son discours à Munich. Il a aussi appelé les partis politiques allemands à entrer en coalition avec l'extrême-droiteImage : Leah Millis/REUTERS

Sentiment d'humiliation

Et à la Conférence sur la sécurité de Munich vendredi dernier, le vice-président J.D. Vance a sidéré l'auditoire en expliquant que la menace pour l'Europe n'était pas la Russie ou la Chine, mais que l'ennemi viendrait de l'intérieur, d'un recul de la liberté d'expression et du "renoncement de l'Europe à certaines de ses valeurs les plus fondamentales".

Ce discours a été vécu par nombre de pays européens comme humiliant, et montrant à quel point les Etats-Unis de Donald Trump sont en train d'opérer une rupture idéologique. L'isolement de la Russie par un bloc occidental quasiment uni est bel et bien terminé. En une semaine, Vladimir Poutine, encore traité de "paria" par Joe Biden, vient d'être été totalement réhabilité par Washington. 

En réaction, une dizaine de dirigeants européens se sont donc réunis ce lundi (17.02) à Paris pour trouver une réponse commune à ce qu'Emmanuel Macron, le président français, appelle "l'accélération" de Donald Trump dans le dossier ukrainien.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a déjà prévenu que les négociations sur l'Ukraine ne peuvent "pas fonctionner" sans les Européens, qui veulent pouvoir "concevoir" et "accepter" les garanties de sécurité.

La question de savoir comment l'Europe pourrait se protéger et protéger l'Ukraine en cas d'accord de paix est devenue centrale, car rien ne dit que les ambitions expansionnistes de Moscou s'arrêteront à l'Ukraine.

Les délégations américaine et ukrainienne se retrouvant pour une rencontre à Munich, chaque partie assise d'un côté d'une longue table, leurs drapeaux respectifs en fond
Volodymyr Zelensky ne veut pas d'un accord de paix négociée dans le dos des UkrainiensImage : TOBIAS SCHWARZ/AFP

"Un tournant" pour la sécurité en Europe

Le Royaume-Uni, troisième fournisseur d'aide militaire à l'armée ukrainienne, s'est dit prêt à envoyer des troupes sur le terrain.

L'Allemagne en revanche, deuxième plus important fournisseur d'assistance à l'Ukraine après les Etats-Unis, juge ces discussions "prématurées". Plus largement, pour Berlin, il n'y aura pas de soldats européens en Ukraine "sans un engagement total des Américains".

Au-delà de l'Ukraine, c'est toute l'Europe de la défense qui est devenu une priorité. En visite en Pologne, le nouveau secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a expliqué que l'Europe ne pouvait supposer que la présence des troupes américaines sur le Vieux continent "durera éternellement".

Comme l'a résumé Ursula von der Leyen en arrivant aujourd'hui à Paris : "La sécurité de l'Europe est à un tournant".

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais