Partenariat UE-Afrique du Sud : énergie verte et plus encore
14 mars 20254,7 milliards d'euros ! C'est la somme que l'Union européenne a promise jeudi (14.03.2025), à l'Afrique du Sud lors d'un sommet conjoint. Une enveloppe conséquente qui doit notamment servir à soutenir les investissements en matière de transition énergétique. Mais c'est aussi un message clair en direction de la Maison Blanche : l'Afrique du Sud et l'Union européenne ont en effet trouvé récemment un adversaire commun : Donald Trump.
Booster la transition énergétique
Le plan d'investissement annoncé depuis Le Cap par la présidente allemande de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vise à financer des projets d'énergie verte en Afrique du Sud et à faciliter une transition énergétique juste, c'est-à-dire sans nuire au marché de l'emploi et aux communautés qui dépendent de produits tels que le charbon.
Dévoilé une semaine après l'officialisation du retrait des Etats-Unis du Partenariat pour une transition énergétique juste avec l'Afrique du Sud, le plan permet aussi aux Européens d'envoyer un autre message : si certains se retirent, nous, nous sommes là pour rester.
Ce sommet du Cap a aussi été l'occasion de souligner que ce nouveau partenariat reposait sur la base du respect mutuel du multilatéralisme, du soutien aux droits de l'Homme et de valeurs partagées - un message clairement adressé à Donald Trump qui malmène Pretoria et Bruxelles depuis son retour au pouvoir fin janvier.
Un adversaire commun
Le président américain a notamment accusé l'Afrique du Sud de traiter de façon "injuste" les descendants des colons européens. Et il a estimé que l'Union européenne avait été créée pour, je cite, "entuber les Etats-Unis". Conséquence : Washington a privé la première de financement et a imposé de nouveaux droits de douane sur l'acier, l'aluminium et l'alcool à la seconde.
Dans ce contexte tendu, le message de solidarité envoyé lors du sommet du Cap, hier, est essentiel, estime Ongama Mtimka, professeur d'économie politique à l'université de Nelson Mandela Bay. Même s'il met en garde contre toute naïveté :
"Politiquement, cette alliance est positive pour Pretoria". Mais, ajoute le professeur : "Nous devons toujours garder à l'esprit que de nombreuses dynamiques sont en jeu. Certains aspects de la transition énergétique ont des tendances néocoloniales (...) Nous ne devons donc pas considérer les financements comme des actes de bienveillance. Nous devons les considérer comme des transactions et les aborder avec la diligence nécessaire pour s'assurer que l'Afrique, en essayant de lutter contre le changement climatique, ne finisse pas pour autant par enchaîner les générations futures avec des montagnes de dettes."
Des liens à diversifier et à solidifier
Oscar van Heerden, chercheur au Centre pour la diplomatie et le leadership africain, basé à Johannesburg, table, lui, sur un rapprochement sur le long cours :
"Bien sûr, nous souhaitons des relations saines avec les Etats-Unis. Mais sans respect mutuel, on ne peut rien faire (...) L'Afrique du Sud et l'Union européenne doivent travailler à un renforcement de leurs relations à tous les niveaux : politique et économique. Et bien-sûr, les deux parties doivent aussi commencer à regarder à l'est, vers la Chine qui ne peut être ignorée, même si les Etats-Unis la considèrent comme une ennemie. C'est cela l'avenir"
Et l'avenir, c'est aussi le soutien que Cyril Ramaphosa, proche de la Russie, pourrait apporter à la résolution du conflit en Ukraine. L'Union européenne a en tout cas été ravie d'apprendre que le président sud-africain allait accueillir son homologue ukrainien, Volodymir Zelensky, pour la première fois depuis le début de la guerre, le 10 avril prochain.
Texte original : Dianne Hawker