Le Parlement autorise des poursuites dans l'affaire Mutamba
16 juin 2025En République démocratique du Congo, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, doit incessamment comparaître devant la justice qu'il dirige. L'Assemblée nationale a finalement autorisé ce dimanche (16.06) les poursuites contre lui.
Une autorisation qui fait suite à la requête du Procureur général près la cour de cassation. Firmin Mvonde soupçonne le ministre Mutamba d'avoir organisé un détournement de 19 millions des dollars sur les 39 millions destinés à la construction d'une prison à Kisangani dans le nord-est du pays.
Certains étudiants de Kinshasa s'attendent à un procès pédagogique. L'un d'entre eux estime que "ce procès va certainement nous permettre de découvrir l'enchaînement dramatique qui a conduit à la commission de ces faits, si vraiment ces faits là ont été commis. Mais tant qu'il n'y a pas un jugement, ou bien un arrêt coulé en force de chose jugée, c'est-à-dire, qui n'est plus susceptible de voie de recours, monsieur le ministre Constant Mutamba est encore présumé innocent".
Aucune date de procès annoncée
Selon un autre étudiant, "il y a eu des avancées, notamment avec l'organisation des états généraux de la justice, la réhabilitation de plusieurs centres pénitenciers, mais quand-même le dossier pour lequel il est poursuivi risque de constituer un point sombre sur son mandat. Mais si il est avéré qu'il n'a réellement commis ces actes par un arrêt coulé en force de chose jugée, son mandat risque d'être mitigé."
Autant de réactions enregistrées parmi les étudiants de Kinshasa. Ils attendent l'ouverture du procès contre Constant Mutamba. Aucune date n'est jusque-là disponible. Mais certains experts estiment que cela ne devrait plus traîner.
Peter Ngomo est avocat au barreau de Kinshasa-Gombe. Selon lui, "le procureur général devra saisir la Cour de cassation par une requête aux fins de fixation des dates d'audience. A ce moment là, il reviendra à la Cour de cassation de fixer une date pour l'audience. Quant aux chances pour Mutamba de gagner le procès, il dépendra de la force de conviction de ses avocats. C'est la partie qui est réservée aux avocats, d'utiliser tous les moyens à leur disposition pour pouvoir le sauver des griffes du parquet général."
D'autres experts pensent que le ministre Mutamba devrait déposer sa démission dans les heures qui suivent.
Constant Mutamba interdit de quitter Kinshasa
Il lui est désormais interdit de quitter la ville de Kinshasa après que ce lundi, le procureur Mvonde a officiellement saisi dans ce sens, la direction générale des migrations, la DGM.
Mais la nouvelle génération pour l'émergence du Congo, la NOGEC, parti politique de Mutamba, s'y attendait. Elle dénonce un vice de procédure. Jean-Claude Ngazwa, son porte-parole, assure "que c'est un dossier politique et qu'il s'agit d'un acharnement. Nous sommes prêts à passer toutes les étapes avec notre autorité morale. Nous en appelons à la population congolaise de soutenir le ministre de la justice qui, aujourd'hui, fait l'objet d'un complot monté de toute pièce pour saper les efforts qu'il a entrepris depuis sa nomination au ministère de la Justice."
Après autorisation par l'Assemblée nationale le 29 mai dernier, Constant Mutamba a été auditionné les 3 et 6 juin par le bureau du procureur général près la cour de cassation. Quatre jours après, il a recusé le procureur général et ses magistrats, selon lui, pour partialité et inimitié à son égard. Ce qu'a rejeté le procureur qui a plutôt sollicité et obtenu de l'Assemblée nationale une autorisation de poursuite.