Réactions en Afrique après la mort du pape François

Lorsque le pape Françoisvisite la RDC, fin janvier 2023, il est le premier chef de l'église après Jean-Paul II, en 1985, à se rendre dans ce vaste pays dont l'est est déchiré par des conflits armés. 

A l'annonce de la mort du souverain pontif, ses propos tenus à Kinshasa reviennent dans les mémoires. François dénonçait en effet le "colonialisme économique" qui "se déchaîne" en RDC et sur le continent. 

Le Révérend Eric Nsenga, secrétaire général de l’Église du Christ au Congo (ECC) se souvient du message fort prononcé par le chef de l'Église catholique. 

"Nous retenons de lui un homme sage, un homme de réconciliation, un homme de paix, un homme de justice. Et son passage ici, au Congo, laisse un message fort où il rappelait à la communauté internationale de retirer ses mains du Congo, et cela restera comme un testament pour nous venu d'un homme de cette envergure. Donc, nous sommes de cœur avec l'Église sœur, l'Église catholique. Le président national de l'Église appelle tous les protestants du Congo à partager ces moments avec notre église sœur, l'Église catholique."

Cinq fois en Afrique 

Pendant ses 40 voyages à l'étranger effectués au cours de son pontificat, le pape originaire d'Argentine a donné une claire priorité aux pays pauvres "marginalisés" d'Europe de l'est ou d'Afrique dont les dirigeants ont salué la "compassion" de François envers le continent.

Celui-ci a fait entendre les voix de ceux qui n'en ont pas, en défendant la paix et la réconciliation, et en se montrant solidaire de ceux touchés par les conflits et la pauvreté", écrit sur X, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Mahamoud Ali Youssouf. Le pape a visité 10 pays africains en cinq voyages.

Au Nigeria, un pays où vivent au moins cent millions de chrétiens, le président Ahmed Bola Tinubu a salué la "voix puissante" du pape pour son action concernant le changement climatique. 

Son homolgue ivoirien Alassane Ouattara a insisté sur l'engagement du pape "en faveur des plus vulnérables alors que le sud-africain Cyril Ramaphosa a salué la vision d'"inclusion, d'égalité et de souci des autres" du pape François. Même son de cloche à Accra, Libreville, Dakar et Nairobi.

Les diriegeants africains saluent l'engagement sans relâche d'un homme qui a voulu placer la dignité humaine des exclus au centre de son message. 

Un pape africain pour succéder à François ?

La place des exclus au coeur de l'Eglise devra aussi relancer la question du choix d'un africain comme futur pape. Mais pour Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la Cenco, la Conférence épiscopale du Congo, l'origine du prochain pape ne doit pas être au centre des attentions.
 
"Tout en considérant que nous sommes en deuil, notre intention principale, c'est que le Seigneur accueille son serviteur pour la béatitude éternelle. En ce qui concerne la succession, je crois que, comme chrétiens, comme pasteurs, nous sommes appelés à prier et à laisser à l'Esprit qui conduit l'Église de faire son travail. Le plus important pour nous, c'est que les successeurs du pape François soient un pasteur selon le cœur de Dieu, quelles que soient ses origines. Évidemment, l'Église est universelle, c'est-à-dire que tout le monde a sa place dans la famille de Dieu."

Selon les chiffres du bureau des statistiques du Vatican, l'Afrique compte 20% des quelque 1,4 milliard de catholiques dans le monde et ils sont 29 cardinaux africains qui représentent environ 250 millions de catholiques sur le continent.

Mais jamais un Africain n'a, pour l'instant, dirigé l'Église catholique. 

Les cardinaux du monde entier vont rejoindre Rome pour les obsèques du pape François et participer aux congrégations générales avant le conclave.

Parmi eux, 135 cardinaux électeurs, ceux âgés de moins de 80 ans, prendront part au vote.