Paix en RDC : un premier pas, mais le chemin reste long
21 juillet 2025Outre l'engagement à un cessez-le-feu permanent, les parties ont également convenu samedi 19 juillet de s'abstenir de tout acte susceptible de compromettre le bon déroulement de ce processus de paix.
La déclaration de principes prévoit l'ouverture de négociations directes entre Kinshasa et la rébellion de l'AFC/M23, dès la première semaine du mois d'août. L'objectif sera alors de conclure et signer cet accord de paix dans un délai de dix jours, à compter du début des discussions, soit au plus tard le 18 août prochain.
Pour Yvon Muya, enseignant-chercheur à l'École d'études sur les conflits de l'Université Saint-Paul à Ottawa, le calendrier fixé dans l'accord de principes semble très ambitieux.
"Ce qui fait de ce texte une avancée notable, c'est son articulation avec un calendrier précis. On parle de la mise en œuvre qui est attendue, d'ici le 29 juillet, et de négociations vers un accord global qui devraient commencer dès le 8 août. Cela crée une obligation politique, même si tout cela reste fragile. Mais, pour la première fois, on voit émerger un espace négocié de désescalade centré sur les causes profondes du conflit, comme la volonté de renoncer aux rancœurs du passé et (de créer les conditions) de la coexistence pacifique", explique Muya.
Rétablissement de l’autorité de l’État
Un autre point plus important que les deux parties reconnaissent, c'est la restauration de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national.
Mais déjà, les divergences ont surgi quelques heures seulement après la signature de l'accord de principes. Kinshasa a revendiqué avoir obtenu le retrait des rebelles de l'AFC/M23 des zones qu'ils contrôlent.
La rébellion n'a pas tardé à réagir, elle a nié tout accord sur ce point et a dénoncé la « mauvaise foi » du gouvernement de Kinshasa.
Pour le politologue Christian Moleka, le véritable enjeu ne réside pas dans la signature de la déclaration de Doha, ou de l'accord de Washington, mais bien dans leur mise en œuvre.
"C'est ça, le défi, est-ce que, différemment des accords antérieurs, il y aura de la continuité de la mise en œuvre ? Est-ce que les parties vont travailler pour mettre en œuvre les différentes recommandations ? La question, c'est : est-ce qu'il y aura la volonté politique d'aller jusqu'au bout ? Est-ce que les différentes parties ont la volonté d'aboutir à une paix durable ? Est-ce que les mécanismes de suivi vont réellement mieux fonctionner que dans le passé, pour accompagner la mise en œuvre jusqu'au bout de ces différentes dispositions ?", s'est interrogé Moleka.
En attendant, les signataires s'engagent à adopter des mesures de confiance, visant à rassurer la population congolaise et à créer un climat favorable au dialogue. Un mécanisme de supervision et de vérification sera mis en place pour définir les modalités du cessez-le-feu et garantir la mise en œuvre de la déclaration de principes.