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L'Otan vers une hausse historique des dépenses militares

Marco Wolter | Avec agences | Avec ARD
24 juin 2025

L'Alliance atlantique est réunie en sommet à La Haye alors que les Etats-Unis veulent que l’Europe investisse davantage pour assurer sa propre sécurité.

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Des drapeaux de l'Otan à La Hague
Plus d'un quart des pays de l'Otan sont restés en 2024 en deçà de l'objectif de consacrer au moins 2% de leur PIB au secteur militaire.Image : Beata Zawrzel/ZUMA/IMAGO

Le sommet de l'Otan s'ouvre ce mardi (24.06) au Pays-Bas. Les chefs d'Etat et de gouvernement participent ce soir à La Haye à un dîner de gala, avant leur réunion de travail officielle demain.

32 pays sont représentés. Ce sommet devrait accoucher de l'annonce d'une hausse sans précédent des dépenses militaires des pays de l'Otan, alors que les Etats-Unis, premier contributeur de l'Alliance, veulent que l'Europe mette la main au portefeuille pour assurer sa propre sécurité.

En Allemagne, le gouvernement est ainsi déterminé à investir massivement dans son armée.

Pour Friedrich Merz, il s'agit de son premier sommet de l'Otan en tant que chancelier allemand, un sommet qu'il qualifie déjà "d'historique". Avant de partir pour La Haye, le chef du gouvernement a assuré devant le Parlement à Berlin que la hausse prévue des dépenses n'a pas été décidée "pour faire plaisir aux Etats-Unis et à leur président", mais parce que "la Russie, plus que tout autre pays, menace activement et agressivement la sécurité et la liberté" dans toute l'Europe.

5% du PIB

L'Allemagne prévoit ainsi de porter progressivement son effort de défense à 3,5% du PIB en 2029, contre près de 2% actuellement. Et pour atteindre les 5% réclamés par Donald Trump, Berlin veut y ajouter une enveloppe liée à la sécurité au sens large, comme pour la lutte contre les cyberattaques.

Friedrich Merz devant les députés au Parlement à Berlin avant de partir pour le sommet de l'Otan.
Friedrich Merz estime qu'il sera difficile de mobiliser suffisamment d'hommes et de femmes pour le Bundeswehr sur la seule base du volontariat.Image : Kay Nietfeld/dpa/picture alliance

Depuis des années, l'armée allemande, la Bundeswehr, est sous équipée et peine à recruter.

Comme le résume un expert en défense Christian Mölling chez nos confrères de la Tagesschau : "Tout ce que l'on peut imaginer, dont les forces armées modernes ont besoin, nous ne l'avons pas actuellement - soit en nombre suffisant, soit qualitativement".

Désormais, le pays s'est défait de son frein à l'endettement pour emprunter des dizaines de milliards d'euros afin de moderniser la Bundeswehr.

Débat sur le service militaire en Allemagne

Celle-ci prévoit de disposer davantage d'unités militaires en état d'alerte, c'est à dire qu'elles sont prêtes à intervenir et se déployer en cas d'urgence. Selon le ministre de la Défense, l'armée doit passer de 180.000 à 260.000 hommes et femmes dans les prochaines années. Pour Boris Pistorius, "les attentes de l'Otan envers l'Allemagne (...) sont élevées et justifiées".

L'un des pistes est de réinstaurer une forme plus ou moins obligatoire de service militaire, selon les besoins de l'armée, alors que la conscription n'existe plus depuis 2011 en Allemagne.

D'après le chancelier, la seule base volontaire de rejoindre l'armée n'est plus suffisante. La Bundeswehr "doit revenir au centre de notre société", a même expliqué Friedrich Merz.

Selon de récents sondages, une majorité des Allemands serait pour le retour d'un service militaire obligatoire.

Le pacte de défense mutuelle remis en question par Donald Trump

Plus largement, ce sont tous les pays européens qui cherchent à réagir à au scénario d'un désengagement des Etats-Unis.

D'autant que l'on sait le caractère imprévisible du président américain, qui refuse de désigner la Russie comme responsable de la guerre en Ukraine et souffle le chaud et le froid sur le soutien américain à Kiev.

 

Donald Trump répond aux questions des journalistes sur la pelouse de la Maison Blanche avant de s'envoler pour le sommet de l'Otan
Donald Trump a maintes fois réclamé des Alliés européens et du Canada qu'ils dépensent beaucoup plus pour leur défense, au risque de ne plus les défendreImage : Mandel Ngan/AFP/Getty Images

Ce mardi, Donald Trump a même expliqué que l'article 5 de la charte de l'Otan, qui consacre la défense collective et mutuelle au sein de l'Alliance, pouvait se définir "de plusieurs façons". Cet article stipule que si un pays membre est attaqué, tous les autres se portent à son secours.

Pas très rassurant. Tous ces paramètres ont poussé l'Union européenne à annoncer son plan "Rearm Europe", réarmer l'Europe, avec des investissements sans précédent. "L'Europe de la défense s'est enfin réveillée", s'est félicitée tout à l'heure Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. 

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais