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Nouvel épisode dans le conflit énergétique entre la Russie et le Bélarus…

8 janvier 2007

Ce lundi, les livraisons de pétrole russe vers le Bélarus à travers l'oléoduc Droujba ont été stoppées.

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Oléoduc
OléoducImage : picture-alliance/ dpa

L’oléoduc Droujba fournit normalement 50 millions de tonnes de pétrole par an à l’Ukraine, à la Pologne, et à l’Allemagne, dont quelque 20 millions de tonnes à cette dernière. , construit dans les années 1960 pour assurer l'approvisionnement en pétrole des pays satellites de l'URSS, cet oléoduct ransporte habituellement 1,8 million de barils par jour. Mais depuis ce matin plus une goutte ne circule. C’est ce qu’ a annoncé la direction de la compagnie publique russe Transneft, qui gère l'oléoduc… Rien ne va plus donc entre la Russie et la Biélorussie. L'idée d’une alliance politique, censée aboutir à la création d'une monnaie unique en préalable à une union politique est oubliée. Dimanche encore, le président du Bélarus, Alexander Lukachenko n’a pas mâché ses mots à l’adresse de Moscou: son pays ne se laissera pas intimider par des chantages dans le secteur énergétique. Le Belarus n’abandonnera pas sa souveraineté pour du pétrole ou du gaz. Lukachenko ne dit pas non à d’étroites relations de son pays avec la Russie, mais rejette l’idée de son intégration à l’Etat russe. Tant qu’il profitait de pétrole et de gaz russes bon marché, son pays, ex satellite de Moscou jouissait d’une relative croissance. Mais la Russie a doublé ses tarifs au 1er janvier 2007, n’étant plus disposé à accorder des tarifs préférentiels aux pays de l’ex- Union Soviétique. En outre, Moscou a décidé une taxe supplémentaire à l’exportation de 180 dollars par tonne de pétrole livrée à la Biélorussie. Ce qui grève le budget annuel de Minsk d’un milliard de dollars. Le commerce de produits pétroliers représente près de 42% de toutes les exportations de la Biélorussie et l’année passée, le gouvernement Lukachenko a importé près de 20 millions de tonnes de pétrole russe, transformées ensuite en essence, diesel et fuel dans deux raffineries en Biélorussie. La plus grosse part de ces produits a été revendue avec un gros bénéfice, avant tout aux pays de l’Union européenne - au mécontentement de Moscou qui est aussi fournisseur des 27. En réponse aux augmentations tarifaires russes, Minsk a annoncé la semaine dernière prélever une taxe de 45 dollars pour chaque tonne de pétrole russe acheminée vers l’Europe de l’Ouest par des oléoducs traversant le territoire bélarus. Ce week-end, Moscou a officiellement protesté et demandé la levée immédiate de cette taxe. Et aujourd’hui donc Transneft a pris une mesure peu amicale en fermant l’oléoduc Droujba qui signifie pourtant « amitié «. Le président de Transneft , Sergueï Grigoriev, justifie cette mesure par le détournement par la Biélorussie d’une partie du brut acheminé par l'oléoduc à titre de paiement de cette nouvelle taxe. Le conflit a atteint ainsi une nouvelle dimension , l’amitié entre Vladimir Poutine et Alexander Lukachenko semble bien reléguée définitivement au passé …

Le ministre allemand de l’Economie, Michael Glos, a ajouté que, pendant sa présidence de l'Union européenne, l'Allemagne allait "s'engager de tout son poids pour que les difficultés dans la livraison de pétrole ne conduisent pas à des goulets d'étranglement pour les entreprises et les consommateurs européens"…Notons que l’Allemagne dispose de réserves en cas de crise de l'ordre de 29 millions de tonnes. La fédération allemande de l'industrie pétrolière (MWV) a assuré ce lundi que l'approvisionnement des consommateurs allemands n'était pas menacé par la fermeture de l'oléoduc Droujba, mais a indiqué que des voies de substitution de livraison sont explorées par précaution, par exemple par la mer par le port de Rostock", a-t-elle ajouté. Cependant l'Europe, qui dépend pour une large part de la Russie pour son approvisionnement en pétrole et en gaz, s'inquiète…Un porte-parole du commissaire à l'Energie à Bruxelles a déclaré que l'Union européenne a pris contact avec les autorités russes et biélorusses et exigé une explication "urgente et détaillée". A Moscou, le ministre délégué russe de l'Economie Andreï Charonov a déclaré ne pas croire en une détente. "Il semble que nous nous dirigions vers une guerre commerciale", a-t-il dit à la radio Echo de Moscou. Il a exclu l'ouverture de négociations avec la Biélorussie tant que celle-ci n'aurait pas renoncé sa taxe sur le pétrole.