Nigeria : la famine menace le nord du pays
7 août 2025Au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec plus de 230 millions d'habitants, un nombre jamais atteint de près de 31 millions de personnes font face à des situations de malnutrition sévère, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).
Sur ces 31 millions de personnes, près de cinq millions vivent dans trois États du nord-est, où environ 2,3 millions d'habitants ont été déplacés par le conflit de longue date avec les islamistes de Boko Haram. Il s'agit des Etats de Borno, d'Adamawa et de Yobe.
Selon le PAM, l'État de Borno est l'épicentre de la crise alimentaire et des déplacements de population.
Au début de l'année, l'aide alimentaire et nutritionnelle du PAM a permis de venir en aide à 1,3 million de personnes dans le nord du Nigéria.
Le 23 juillet dernier, le PAM avait déjà sonné l'alarme. "Nous avons épuisé nos ressources alimentaires et nutritionnelles", avait affirmé Margot van der Velden, Directrice régionale du PAM pour l'Afrique de l'Ouest et centrale, lors d'un point de presse au siège de l'Onu à New York.
Une région qui sert de grenier au Nigeria
Avant l'insurrection islamiste, la ville de Damboa était un centre agricole régional. Aujourd'hui, elle est en première ligne d'une véritable lutte pour la survie. Située à 90 km au sud de Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno, la localité est en lisière de la forêt de Sambisa, une réserve naturelle transformée en enclave djihadiste.
Dans plusieurs Etats du Nord confrontés aux attaques djihadistes, de vastes étendues de terres agricoles sont abandonnées à cause de la violence. Cultiver devient risqué.
De nombreux programmes d'aide en Afrique de l'Ouest sont par ailleurs menacés de fermeture suite au démantèlement de l'USAID par l'administration Trump.
Le PAM a prévenu que son programme d'aide alimentaire d'urgence s'arrêterait le 31 juillet en raison d'un "manque de financement critique" et que ses stocks de nourriture et de nutrition "ont été complètement épuisés".
Le PAM lance un appel
Fin juillet, l'appel lancé par le PAM pour obtenir plus de 130 millions de dollars (113 millions d'euros) afin de poursuivre ses opérations au Nigeria jusqu'en 2025 n'était financé qu'à hauteur de 21 %.
"Il est urgent pour le gouvernement de voir ce qu'il peut faire pour apporter une aide d'urgence afin qu'il n'y ait pas d'éclatement de conflit qui irait à l'encontre des progrès réalisés dans le passé", déclare Dauda Muhammad, coordinateur humanitaire dans le nord-est du Nigeria, à la DW.
Toutefois, Samuel Malik, chercheur principal à Good Governance Africa, un groupe de réflexion panafricain, estime dans une interview à la DW que la cause profonde du problème se trouve ailleurs.
Selon lui, "la crise de la faim qui paralyse actuellement le nord du Nigeria est fondamentalement une conséquence de la mauvaise gouvernance et de l'insécurité prolongée, plutôt que le résultat des réductions de l'aide".