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Nigeria : "Safe Corridor" pour lutter contre l'insécurité

Jamiu Abiodun | Carole Assignon
6 mars 2025

Le gouvernement nigerian va étendre le programme de déradicalisation "Safe Corridor" au Nord-Ouest du Nigeria. L'objectif : lutter contre l'insécurité croissante dans cette région.

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Des soldats de l'armée nigeriane
Les autorités espérent que le programme "Save Corridor" contribuera à lutter contre l'insécurité dans le Nord-Ouest du NigeriaImage : Lekan Oyekanmi/AP Photo/picture alliance

La région du Nord-Ouest du Nigeria comprend les Etats de Jigawa, Kaduna, Kano, Katsina, Kebbi, Sokoto et Zamfara.

Selon les autorités, le programme de déradicalisation est "essentiel pour briser le cycle du terrorisme et du banditisme grâce à un parcours structuré de réhabilitation et de réintégration" des criminels. Le programme a également été utilisé pour déradicaliser d'anciens combattants de Boko Haram dans la région du Nord-Est.

 Des interrogations et des doutes

Dans la région Nord-Ouest du Nigeria, cela fait des années que l'insécurité perdure. Des bandes criminelles, appelées "bandits ", attaquent des villages et se livrent à une vaste activité d'enlèvement contre rançon. Ils sont connus pour agresser sexuellement les femmes, tuer des civils et taxer les habitants dans de vastes régions du nord du pays.

Pour y mettre un terme, les autorités nigérianes misent donc sur l'opération de déradicalisation "Safe Corridor" qui, elles l'assurent, a joué un rôle déterminant dans la lutte contre l'insurrection dans le nord-est du Nigeria. Le programme sert à réhabiliter les anciens insurgés qui se sont rendus ou ont fait défection.

Des anciens combattants de Boko Haram
"Save Corridor" sert à réhabiliter les anciens insurgés qui se sont rendus ou ont fait défectionImage : Ute Grabowsky/photothek/IMAGO

L'initiative repose sur cinq piliers. Il s'agit du désarmement, de la démobilisation, de la déradicalisation, de la réhabilitation et de la réintégration.

Bien que le programme ait connu un succès relatif dans la région du Nord-Est, des inquiétudes ont été soulevées au sujet de la récidive, avec des rapports faisant état de certains individus réhabilités retournant vers des groupes terroristes. 

Avec l'extension prévue du programme au Nord-Ouest, les analystes s'interrogent sur l'efficacité de l'opération "Safe Corridor". Le banditisme dans cette région est largement motivé par des incitations financières telles que le paiement de rançons, le vol de bétail et l'exploitation minière illégale, plutôt que par l'idéologie.

"La déradicalisation est un programme qui devrait être organisé pour les personnes qui ont certaines opinions extrêmes ou idéologiques. Il n'est pas encore évident que les bandits aient de telles opinions au Nigeria. Il s'agit d'une entreprise purement criminelle. Ce que le gouvernement veut probablement faire, c'est de la démobilisation... " estime Oluwole Ojewale analyste à l'Institut d'études de sécurité basé à Dakar.

Selon l'expert, les autorités ne peuvent pas se permettre de faire un copier-coller de ce qu'il a fait dans le Nord-Est et de reproduire la même chose dans la région du Nord-Ouest.

Un soldat nigérian tenant son arme (illustration)
L'armée du Nigeria tente tant bien que mal de faire face à l'insécuritéImage : STEFAN HEUNIS/AFP/Getty Images

Diversifier la stratégie

Dengiyefa Angalapu, chercheur dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et de la consolidation de la paix, estime pour sa part que l'initiative peut être mise en œuvre aussi dans cette région, car il y a de multiples acteurs, y compris des groupes terroristes idéologiques, qui sont souvent englobés sous le terme de "banditisme".

" Il est nécessaire de se pencher sur l'approche, car la stratégie cinétique seule ne fonctionnera pas" explique l'expert tout en précisant que de très nombreuses personnes sont d'accord sur ce point.

Selon lui "l'idée est donc qu'il existe différentes stratégies de déradicalisation, des programmes de déradicalisation qui fonctionnent en vase clos. En réalité, si l'on examine en profondeur la manière dont ces choses sont faites, nous pourrions avoir un programme national de réadaptation".

Les analystes semblent s'accorder sur le fait que cette stratégie devrait comporter des mécanismes locaux de consolidation de la paix et d'autonomisation économique afin d'éviter toute rechute.

Jamiu Abiodun Nigeria
DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique