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Au Niger, témoignage d'une mère d'un soldat tombé au front

4 août 2025

L'annonce de la mort reste le plus douloureux pour les familles dont certaines, délaissées, ne bénéficient d'aucun soutien.

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Des soldats nigeriens en patrouille
Le Niger, gouverné par un régime militaire depuis près de deux ans, est la cible d'attaques jihadistes récurrentes. Image : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images


"On n’a pas de solution après la mort, nos pensées restent toujours tournées vers nos défunts. On garde toujours ce sentiment que la personne disparue est encore près de nous", c’est sur les réseaux sociaux que Saratou a appris l’attaque, le 28 septembre 2023, d’une unité de l'opération Almahaou en mission de sécurisation à Kandadji, dans la région de Tillabéry, où un barrage hydro-électrique est en construction. 

Sachant que son fils, à l'époque dans l’armée depuis sept mois, est en poste dans cette localité, Saratou tente alors de savoir s’il fait partie des 12 soldats tués.
 Après confirmation par un des amis de son fils, elle décide de s’y rendre en compagnie de la femme de ce dernier en passant par Tillabéry.

Des élements de la garde nationale du Niger
Le Niger est dirigé depuis le 26 juillet 2023 par des militaires ayant renversé le président Mohamed Bazoum, citant notamment la détérioration du climat sécuritaire pour justifier leur putsch.Image : Mads Claus Rasmussen/Ritzau Scanpix/picture alliance

"Quand on est arrivés à Tillabéry le lendemain de l’attaque, on nous a fait savoir que le bus ne partirait pas avant 14 heures. Finalement, on est arrivé à Kandadji au coucher du soleil. C’est là qu’on nous a annoncé que les corps avaient été rapatriés à Tillabéry et ils seront inhumés le samedi matin", explique-t-elle.

"Au début ils nous avaient menti. Ils nous avaient dit que les corps avaient été inhumés le jour de l’attaque", raconte Saratou assise dans la cour de son fils décédé avec sa photo en main. 
 
La maman enduillée a insisté pour voir où son fils, son seul soutien financier, a été enterré. Mais elle n'a pas été autorisée à se rendre sur le lieu d'inhumation.
 
"On n’avait rien vu. Son épouse a tout fait pour voir au moins son corps, mais elle en a été empêchée par les responsables du camp Kandadji. "
 
C’est dans ce deuil et la déception de n'avoir pas pu accéder à la tombe de son mari que la femme de celui-ci, enceinte de deux mois fait une fausse couche. Les deux femmes ont alors décidé de rentrer à Niamey. Mais faute de moyens de transport, les responsables du camp leur ont demandé de patienter jusqu’au paiement du salaire du défunt :
 
"Malheureusement, ce salaire n’était pas encore disponible, car une mission était en cours de préparation à ce moment-là. C’est alors qu’une collecte a été organisée par les amis de mon fils pour nous permettre de payer le transport et la prise en charge des bagages de mon fils."
 
Une semaine après leur retour à Niamey, c’est à travers une agence de transfert d’argent que le salaire du fils de Saratou a été envoyé, aucun responsable de l’armée ne s’est déplacé. Depuis, plus aucune nouvelle.