Le Niger annonce son départ de l'OIF
18 mars 2025Cette décision duNiger a été notifiée à la France, pays hôte du dernier sommet de l'organisation organisé en octobre 2024.
Oria Kije Vande weghe, la porte-parole de la secrétaire générale de l’OIF, déplore cette décision du Niger, un pays suspendu de l’organisation au lendemain du putsch qui a renversé, le 26 juillet 2023, le président Mohamed Bazoum.
Oria Kije Vande weghe revient sur les possibles impacts de cette décision. Interview.
DW: Le Niger a annoncé le 17 mars 2025, son retrait de l'Organisation internationale de la francophonie. Est-ce que Niamey a motivé son retrait ?
Oria Kije Vande weghe: Il n'y a pas eu de justification à proprement parler auprès de l'OIFSimplement cette information qui nous est parvenue par la France qui a abrité le dernier sommet de l'OIF (4-5 octobre 2024) et qui abrite aussi le siège de l'organisation.
DW: Les conditions de retrait de l'OIF ont-elles été respectées par le Niger dans le cas d'espèce?
Oria Kije Vande weghe: Oui, selon nos procédures, un pays qui souhaite quitter l'Organisation doit simplement le notifier au pays qui exerce la présidence du sommet ou au pays qui abrite le siège de l'Organisation. Et suite à cette notification, le retrait est effectif après 6 mois.
DW: Dites-nous quels sont les différents programmes que propose l'Organisation internationale de la francophonie et dont bénéficient les États membres ?
Oria Kije Vande weghe: L'OIF est une organisation basée sur la coopération multilatérale et qui met en place des projets de coopération de développement en lien avec plusieurs domaines. La Francophonie est essentiellement active dans le domaine de l'éducation, de la formation, de l'autonomisation des femmes, ou d’une manière générale dans des activités en lien avec l'employabilité de la jeunesse.
Nous avons des programmes d'accès notamment à des formations aux métiers du numérique. Sans vous faire la liste exhaustive de tout ce que fait la Francophonie, je peux simplement dire qu'un pays membre de l'OIF aujourd'hui bénéficie du déploiement dans ses territoires de nombreux programmes pilotés par l'OIF.
DW: conséquence de son retrait, le Niger ne va plus bénéficier de ces programmes?
Oria Kije Vande weghe: En principe…, oui. La logique voudrait que les projets s'arrêtent vu qu'ils cesseraient d'appartenir à l'Organisation. Mais comme le retrait ne sera effectif que dans 6 mois, nous espèrons d'ici là pouvoir solliciter l'avis des États et gouvernements membres. La secrétaire générale (Louise Mushikiwabo, ndlr) entend soumettre aux États cette discussion, car ce sont eux qui décideront de la possibilité de maintenir certains projets, ou tout du moins, de les mener à terme.
DW: Selon nos informations, le Burkina Faso souhaiterait également en faire de même, c'est-à-dire se retirer de de l'OIF. Info ou intox?
Oria Kije Vande weghe: Le Burkina Faso a exprimé la même volonté effectivement.
DW: Et le Mali?
Oria Kije Vande weghe: Non. On n'a pas eu d'informations concernant le Mali. Peut-être que ce sont des spéculations dues au fait de l'Alliance des États du Sahel.Mais en tout cas à ce stade-ci, il n'y a pas d'indication que le Mali souhaite mener la même démarche. (Le Mali a annoncé son retrait suite à cet entretien, ndlr)
DW: Les relations entre les pays de la Confédération des États du Sahel: Mali, Niger et Burkina Faso et la France ne sont pas bonnes. Elles sont exécrables. Est-ce que ce facteur n'a pas pesé dans la décision du Niger de se retirer de l'OIF ?
Oria Kije Vande weghe: Je ne suis pas en mesure de confirmer ce que pensent ces dirigeants. Par contre, de notre côté nous pensons que ces décisions ont probablement beaucoup à voir avec une réalité géopolitique et politique qui ne concerne pas nécessairement l'OIF, et qu’il y’a donc forcément avec un peu d'amalgames entre la France et la Francophonie.
Mais nous comprenons tout à fait, et n’avons pas de jugement à porter sur des décisions qui sont souveraines.
DW: Est-ce qu'il existe des mécanismes pour essayer de convaincre le Niger de se raviser?
Oria Kije Vande weghe: Pour l'instant il n’y a pas de démarche dans ce sens. Nous venons tout juste d’apprendre la nouvelle. Donc on verra dans les jours qui viennent comment ça va se passer…
DW: l’OIF compte 56 membres, 5 membres associés et 32 observateurs. Est-ce que tous ces pays sont logés dans la même enseigne et est ce qu'ils sont sur le même pied d'égalité ?
Oria Kije Vande weghe: Il y a des pays qui sont observateurs donc ce sont des pays qui ont la volonté de pouvoir observer et appartenir à cet espace francophone. Souvent, ce sont des pays qui ont aussi l’ambition de rajouter ou de se rapprocher de la langue française.
Parfois il y a une histoire avec la langue française, ou parfois la langue française a été une des langues utilisées pendant longtemps mais qui aurait disparu au profit d'autres langues. Parfois, il s’agit simplement de la volonté de s'ouvrir au monde. Ces pays gagnent un espace de coopération dans lequel ils peuvent pousser des agendas politiques, se connecter avec d'autres pays, avec d'autres cultures.
C'est un espace de dialogue et d'échanges attractif qui donne envie à beaucoup de pays de rejoindre l'OIF.