Au Niger, le bras de fer qui oppose depuis plusieurs jours le gouvernement à plusieurs syndicats de magistrats prend une nouvelle dimension avec la radiation successive du Secrétaire général et du SG adjoint du SAMAN, l'un des syndicats dissous par un décret présidentiel à la fin de la semaine dernière.
Le SAMAN, soutenu par le barreau du Niger, vient de déclencher une grève illimitée sur l'ensemble du territoire et cela jusqu'au rétablissement de ses responsables dans leur fonction respectives.
Des précisions avec Maître Moussa Mahamadou, le Secrétaire général adjoint du SAMAN quelques minutes avant sa radiation lui aussi du corps de la magistrature par un décret présidentiel.
Quelle a été votre réaction à l'annonce de la dissolution du syndicat ?
La première réaction de SAMAN, lorsque SAMAN a appris la dissolution du syndicat, c'était d'initier un recours hiérarchique. Ensuite apporter un droit de réponse par rapport aux déclarations du ministre de la Justice.
On était dans ça lorsqu'on a appris encore cette scandaleuse décision de radiation de notre secrétaire général. Et là, notre réaction, on a appelé tous les magistrats à déposer leurs toges jusqu'à ce que le SG soit réintégré dans son corps.
C'est une sorte de grève. Puisque les juridictions seront fermées jusqu'à ce que le décret de radiation soit rapporté.
Pourquoi êtes-vous contre cette décision ?
Nous sommes contre cette décision parce que c'est une décision illégale. Elle n'est assise sur aucun texte.
La radiation du SG, pour nous, à travers ce décret, ils ont visé une ordonnance qui a été signée, je crois, entre le 14 ou le 13 - j'ai un peu oublié - en tout cas, entre avant-hier et hier. Et cette ordonnance et le retrait agit pour sanctionner quelque chose qui a été fait avant même sa signature.
Alors qu’il y a un principe général du droit que la loi ne peut pas rétroagir, sauf quand elle accorde des avantages à l'intéressé. Donc pour nous, c'est un non événement.
Moi j’en appelle à l'indulgence des justiciables.Tout ce combat que nous sommes en train de faire, c'est pour les justiciables, c'est pour la justice nigérienne, c'est pour toute la population nigérienne. L'indépendance des juges, c'est une chose publique, c'est pour tous les citoyens nigériens. Ce n'est pas pour le juge lui-même.
Etes-vous prêt aujourd'hui à vous entendre avec le gouvernement ?
Bien sûr, il va de l’intérêt, de l'intérêt de tout le monde, que ce soient les dirigeants, nous les magistrats et même toute la population nigérienne. Ce qu'on ne trouve pas dans le dialogue, on ne va pas trouver ça dans le bras de fer. Mais quand vous êtes acculé, vous n'avez pas le choix. Vous ne pouvez que réagir. Et c'est ce que nous avons fait.
Et si le gouvernement ne cède pas ?
On verra.