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Pourquoi le Niger fait du hausa une langue nationale ?

9 avril 2025

Le Niger décide de faire de la langue la plus parlée dans le pays une langue nationale. Cela ne fait pas l’unanimité. Le français devient la langue de travail.

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Le général Abdourahamane Tiani, chef du régime militaire, au cours d'une allocution sur la chaîne publique
La nouvelle charte de la refondation qui a aussi valeur de Constitution, promulguée le 26 mars par le général Abdourahamane Tiani, modifie les langues du paysImage : ORTN/Télé Sahel/AFP/Getty Images

C'est une décision qui relève du symbole et qui, donc, tout naturellement, ne fait pas l’unanimité : le Niger a décidé de faire du hausa une langue nationale. Si le français est encore inscrit sur le site du gouvernement du Niger comme la langue officielle du pays, la langue de Molière est désormais reléguée au rang de langue de travail, au même titre que l’anglais, selon l’article 12 de la Charte de la Refondation.

Désormais, comme le dit le texte qui fait office de Constitution, le pays compte onze langues parlées, dont le hausa, devenu langue nationale. Une langue parlée par plus de la moitié des 26 millions de Nigériens et aussi dans les pays voisins comme le Bénin, le Nigeria, le Tchad et la Libye.  

Hamani Oumarou est chercheur au laboratoire d’études et de recherches sur les dynamiques sociales et le développement local (Lasdel). 

Il indique sur la DW que "les statistiques qui sont disponibles aujourd’hui donnent tous les arguments défendables qui montrent que le choix du hausa est objectif. Personne ne peut le rejeter"

"Le choix du hausa est objectif. Personne ne peut le rejeter" (Hamani Oumarou du Lasdel)

"De là à avancer jusqu’à traduire tous les documents administratifs en langue hausa, ça, c’est un autre pas, c’est pour moi un chantier sur lequel je n’aimerais pas m’aventurer." 

Le hausa, seule langue nationale officielle du Niger 

Selon l’enseignant-chercheur à l’université Abdou Moumouni de Niamey, il ne s’agit pas de prioriser une langue au détriment des autres, au risque, explique Hamani Oumarou, d’éroder les efforts de construction de l’unité nationale. Car la décision de faire du hausa une langue nationale, sans le faire officiellement pour les autres langues nationales parlées au Niger, est critiquée, notamment sur les réseaux sociaux. 

Tchanga Tchaloumbo Chaibou, qui se présente comme un militant prodémocratie et anti-putsch, explique qu’ériger le hausa en langue nationale ne participe pas de la refondation du Niger. 

"Toute cette philosophie d’ériger une langue nationale parmi tant d’autres, moi je suis hausa, en une langue nationale, relève de la propagande pour capter le plus grand électorat qu’il faut, pour continuer à manipuler les consciences endormies."  

De nouveaux noms de rue à Niamey (15.10.24)
Le Niger a rebaptisé les noms de rues qui faisaient référence à la colonisation française Image : Abdoulaye Mamane Amadou/DW

Et l’activiste d’ajouter : "C'est ambigu qu’on puisse dire que le hausa est une langue nationale, pourquoi pas la langue officielle ? Quelle est notre langue officielle ? C’est la langue du colon : c’est l’anglais et le français." 

Concrètement, le hausa, devenu langue nationale, ne change pas grand-chose, d’autant que le français sera toujours enseigné dans les écoles et sera parlé dans l’administration. 

La décision des militaires au pouvoir survient après que le Niger a décidé de se retirer de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Comme le Mali et le Burkina Faso, les deux autres pays de l’AES, le Niger décide aussi de faire du français une langue de travail.