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La multiplication des affaires de corruption à Kinshasa

10 juin 2025

Plusieurs ministres et élus sont accusés de détournements de fonds. La société civile dénonce une faute morale, alors que le pays est en guerre dans l'est.

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Une main tend de l'argent à une autre, symbolisant la corruption
Les accusations de détournements de fonds concernent des dizaines de millions de dollarsImage : Dreamstime/Imago

En République démocratique du Congo, alors qu'une partie de l'est du pays est sous occupation des rebelles du M23, à Kinshasa, la capitale, l'attention se focalise sur des procédures judiciaires lancées contre des responsables politiques concernant des affaires de détournements de fonds publics.

Celles-ci se sont multipliées ces derniers temps, alors que l'Etat congolais a des besoins financiers importants en raison du conflit qui l'oppose aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.

L'ancien ministre des Finances et député national, Nicolas Kazadi, a ainsi récemment expliqué comment d'importantes sommes d'argent, selon lui, seraient détournées au sein même du gouvernement. Pour cette raison, il pourrait être entendu pour "divulgation de secrets d'Etat" et "propagation de faux bruits".

Constant Mutamba à Kinshasa, escorté par ses agents de sécurité
Le ministre de la Justice Constant Mutamba fait partie des personnes suspectées d'avoir détourné d'importantes sommes sorties des caisses de l'Etat Image : Jean Noel Ba Mweze/DW

Il y a une semaine, le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a saisi l'Assemblée nationale pour lever ses immunités. 

Une demande survenue peu après le cas de Constant Mutamba, ministre de la Justice, accusé d'avoir détourné 19 millions des dollars destinés à la construction d'une prison à Kisangani.

La paix à l'est doit être priorité pour la société civile

Autre affaire en cours : celle qui touche Eve Bazaiba, la ministre de l'environnement, dont le cabinet a démenti les accusations qui portent sur un supposé détournement de plus de 30 millions de dollars destinés au Fonds forestier.

La Société civile du Nord-Kivu, une zone sous contrôle des rebelles du M23, regrette que ces affaires se multiplient, alors que la priorité est de ramener la paix dans l'est du pays.

Christian Kalamo, un des responsables de la Société civile du Nord-Kivu, estime qu'"avec leurs procédures judiciaires, nous, populations de l'Est, nous les victimes, nous ne voyons rien. Je ne vois pas en quoi est-ce que nous en profitons. Je veux demander au gouvernement de Kinshasa de faire tout pour nous ramener la paix".

Ecoutez le reportage à Kinshasa...

Les "criminels en col blanc"

De son côté, le professeur Nicot Omeonga, enseignant à l'Université de Kinshasa, regrette que les auteurs de ces crimes financiers oublient souvent que le pays est en guerre. Il souligne que cet argent détourné pourrait aider à ramener la paix.

Selon lui, "nous sommes l'un des rares pays où nous assistons encore à des détournements de millions de dollars. Pendant ce temps, dans un pays en guerre, ces différents millions, qui sont détournés par des criminels en col blanc, devraient servir pour l'achat d'armes, pour soutenir nos braves militaires qui se battent au front".

Des organisations locales de lutte contre la corruption, dont le Centre de recherche en finances publiques et développement local, le CREFDL, insistent sur le fait que les criminels doivent être punis. Elles réclament aussi que les fonds détournés soient récupérés et remis dans les caisses de l'Etat.

Vue d'une artère très empruntée de Kinshasa
Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze