Attention à votre mode de cuisson
18 juillet 2025Un milliard, c'est le nombre de personnes qui cuisineraient toujours en Afrique avec du bois, du charbon ou d'autres moyens rudimentaires polluants. Une pratique qui constitue un fardeau sanitaire et environnemental, mais qui pourrait pourtant être facilement éradiquée, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), publié ce vendredi 18 juillet.
Des impacts sur la santé et l'environnement
La technique est relativement simple : on met trois pierres autour d'un foyer ouvert et on peut faire du feu de bois pour cuire son repas… Pour d'autres, c'est du charbon, des déchets agricoles ou du fumier que l'on met dans un poêle pour préparer le repas.
Si ceux qui procèdent ainsi n'ont bien souvent pas d'autres choix, ce que beaucoup ignorent, c'est que ces modes de cuisson, qui consistent à brûler ces combustibles, polluent l'air intérieur comme extérieur, ce qui n'est pas sans conséquence.
D'abord sur la santé : les particules fines qui pénètrent dans les poumons causent de multiples problèmes respiratoires et cardiovasculaires. Selon l'Agence internationale de l'énergie, quelque 815 000 décès prématurés surviennent chaque année en Afrique du fait de la mauvaise qualité de l'air intérieur.
Ensuite, il y a les conséquences sur l'environnement : en coupant les arbres pour faire du bois de chauffe ou du charbon, cela entraîne progressivement la destruction des forêts, qui sont des puits naturels qui emprisonnent le carbone et jouent un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Il y a aussi le temps qui est consacré à chercher des combustibles et à entretenir le feu. Sur ce point, ce sont les femmes et les enfants qui perdent des heures chaque jour à accomplir cette tâche, ce qui représente du temps en moins pour une activité rémunérée ou pour l'éducation.
Pour inverser cette tendance, des solutions alternatives existent comme par exemple l'usage de l'électricité d'origine solaire, du gaz renouvelable ou du gaz de pétrole liquéfié (GPL), une énergie fossile.
Tout en reconnaissant que ce n'est pas "une solution idéale", les spécialistes estiment que l'utilisation du gaz est "préférable" si l'on prend en compte la perte des puits de carbone provoquée par l'abattage des arbres.
Le besoin d'investissements
Mais pour que les foyers aient accès à ces méthodes alternatives, il faut des moyens. D'où l'importance des investissements privés, mais aussi et surtout de l'implication du secteur public.
Selon l'AIE, les États devront prendre des mesures financières incitatives pour aider les familles à s'équiper. Cela devrait permettre, d'ici 2040, d'éviter 4,7 millions de décès prématurés cumulés en Afrique subsaharienne et de réduire les émissions de gaz à effet de serre du continent de 540 millions de tonnes par an.
Depuis un sommet de l'AIE à Paris, en 2024, quelque 2,2 milliards de dollars d'engagements des secteurs public et privé avaient été pris, ainsi que des engagements politiques de douze gouvernements africains.
Depuis, 470 millions de dollars ont été déboursés, avec des résultats déjà concrets, selon l'AIE, comme l'exemple d'une usine de poêles en construction au Malawi, ou d'un programme de poêles abordables développé en Ouganda et en Côte d'Ivoire.