Grande inquiétude des migrants à la frontière américaine
24 janvier 2025La destination à portée de main et pourtant inaccessible : c'est la situation dans laquelle se trouvent actuellement de nombreux migrants qui se trouvent du côté mexicain de la frontière avec les Etats-Unis.
L'une d'entre elles, qui ne souhaite pas être citée nommément par crainte pour sa sécurité, a raconté à la DW que des criminels avaient voulu l'enlever avec sa fille. C'est pourquoi elle a quitté son domicile dans le sud du Mexique.
La DW l'a rencontrée à Ciudad Juárez, à la frontière de l'Etat américain du Texas.
"Nous n'avons aucun moyen de nous en sortir, car nous ne pouvons pas simplement dire que nous recommençons à zéro. Ici, nous sommes toujours au Mexique et les gangs sont puissants, ils sont partout", estime-t-elle.
De l'autre côté du Rio Grande, et donc aux Etats-Unis, se trouve El Paso, une ville de 680.000 habitants, dont environ 80% sont originaires d'un pays d'Amérique latine, selon les statistiques officielles.
C'est la ville natale d'Aimée Santillán, qui s'occupe de la politique migratoire américaine au sein de l'organisation catholique Hope.
"Il y a déjà eu de très fortes restrictions par le passé et les chiffres de la migration n'ont pas changé", explique Santillán.
"Si les gens ne se sentent pas en sécurité dans leur pays, ils viendront de toutes façons. Cela ne change donc pas grand-chose que les politiques soient restrictives ou qu'elles soient plus justes et équitables", ajoute Aimée Santillán.
Politiques restrictives sous Biden
Des politiques restrictives dont Donald Trump a hérité de son prédécesseur, Joe Biden, et qui prévoient notamment que les personnes n'ont plus aucune chance d'obtenir l'asile après avoir franchi illégalement la frontière.
Malgré tout, l'administration Biden avait créé une possibilité légale, l'application CBP One, qui permettait aux migrants de demander l'asile depuis le Mexique. Cette application a été suspendue par Donald Trump, le 20 janvier, le jour même de son investiture.
Aimée Santillán de l’organisation Hope n'était pas entièrement satisfaite de l'application, mais elle a au moins, dit-elle, permis d'assurer un processus ordonné à la frontière.
"Voir comment elle a été désactivée et comment des personnes qui attendaient depuis des mois au Mexique se sont soudainement retrouvées sans rendez-vous, c'était vraiment choquant", explique Santillán.
Avec l'état d'urgence, "toutes les entrées illégales seront immédiatement stoppées et nous commencerons à renvoyer des millions et des millions d'étrangers criminels là d'où ils viennent", avait martelé Donald Trump lors de son discours d'investiture.
Des centaines de migrants clandestins ont déjà été renvoyés chez eux à bord d'avions militaires.
Selon certaines estimations, six millions de Mexicains vivent sans papiers aux Etats-Unis, en plus des douze millions légalement installés.