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Il y a 100 ans, Adolf Hitler publiait "Mein Kampf" // Des Barcelonais engagés contre le surtourisme

Reliou Koubakin | Henry de Laguérie
24 juillet 2025

"Mein Kampf" est une œuvre crue dans laquelle Adolf Hitler dévoilait ses fantasmes violents. Son héritage idéologique reste dangereux à ce jour. // A Barcelone, en Espagne, les prix des loyers ont augmenté. Les habitants pointent du doigt les touristes et les expatriés.

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Adolf Hitler est vivant. Du moins sur Internet. Quiconque recherche « Hitler » sur la plateforme X du milliardaire Elon Musk tombera sur des entrées vieilles de quelques secondes seulement. Sur Internet on trouve des photos, mèmes, des croix gammées et des slogans qui font allusion à Adolph Hitler. Antisémites, racistes, complotistes, antidémocrates et partisans d'Hitler répandent leur poison idéologique partout : en Allemagne, en Europe, aux Etats-Unis, en Amérique latine, au Moyen-Orient, en Inde.  

Le dictateur allemand est pourtant mort depuis 80 ans, mais le meurtrier de masse continue de gagner beaucoup d'argent aujourd'hui. Les librairies d'antiquités du monde entier tirent profit des anciens exemplaires du pamphlet d'Hitler "Mein Kampf, mon combat". Une édition allemande coûte environ 250 euros, la version espagnole "Mi Lucha" coûte plus de 300 euros et l'édition anglaise "My Struggle" coûte environ 600 dollars sur des sites en ligne. Le livre est disponible à un prix très modique sur les marchés égyptiens et indiens.

Vision du monde fanatique, antisémitisme... 

Ce livre est aujourd'hui considéré comme un manifeste dans lequel Adolf Hitler exposait sa vision du monde fanatique, son antisémitisme meurtrier et son mépris de la démocratie et de la diversité sociale – et ce, huit ans avant son arrivée au pouvoir en 1933. Dans "Mein Kampf", il élève les Allemands au rang de race supérieure. Et bien avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il rêvait d'une "germanisation" de l'Europe de l'Est et de l'expulsion forcée de millions de personnes.  

Othmar Plöckinger historien autrichien et coéditeur de l'édition éditée de "Mein Kampf", explique au micro de Hans Pfeifer que "le thème de la lutte fait déjà partie intégrante du titre. Et c'est là que réside tout le racisme : plus le plus fort l'emporte, plus la race la plus forte l'emporte".  

"Mais même dans les combats individuels, dans la lutte pour les postes, pour les fonctions, celui qui l'emporte est celui qui a la plus grande volonté, le moins scrupuleux, celui qui est, au sens large, de la meilleure race ou a les meilleures compétences."

L'édition académique polonaise de "Mein Kampf" d'Adolf Hitler (à gauche) est visible à côté d'une édition originale du livre de 1942 (à droite) sur la table d'Eugeniusz Cezary KrÛl, auteur de la traduction et du commentaire historique de l'édition académique, dans son appartement à Varsovie, le 15 janvier 2021
Le livre d'Adolf Hitler "Mein Kampf" en version polonaise éditée et la version originale de 1942Image : Wojtek Radwanski/AFP

Lors de sa publication, le 18 juillet 1925, le livre ne fit pas l'effet d'une bombe. Adolf Hitler était un putschiste déchu qui venait de passer plus d'un an en prison pour haute trahison. Son mouvement national-socialiste était modeste et manquait d'influence politique significative en Allemagne et en Autriche. Il était menacé d'extinction politique.

A l'époque, le marché du livre regorgeait de polémiques nationalistes et de mémoires de prisonniers. Le livre d'Hitler manquait également d'originalité ; son contenu fut une déception, même pour nombre de ses partisans, explique Othmar Plöckinger : "Il y a ce passage célèbre de la presse allemande, qui a également provoqué une vive colère chez Hitler".  

"Nous sommes engagés dans la lutte nationaliste depuis 40 ans, et voilà qu'un jeune putschiste débarque et veut nous expliquer ce qu'est la pensée politique", relève Othmar Plöckinger dans cet extrait de la presse allemande.

L'historien ajoute qu’"il y a certes des commentaires positifs ; on le respecte pour son autodidaxie, pour avoir tout appris par lui-même. Mais sur le plan idéologique, personne ne prétend qu'Hitler ait apporté quoi que ce soit de nouveau au débat".

Best-seller  

Néanmoins, "Mein Kampf" devint un best-seller et fut un succès financier pour Adolf Hitler. Des millions d’exemplaires ont été vendus jusqu’en 1945.   

La particularité de l'œuvre d'Hitler réside dans le fait que, contrairement à d'autres dictateurs, il dévoile ses intentions dans "Mein Kampf". Il ne dissimule pas ses fantasmes violents. Dans l'édition révisée, les éditeurs analysent : "Il annonce résolument la guerre : une guerre future sera une lutte pour la survie, où toute considération d'humanité et d'esthétique s'effondrera." Adolf Hitler a ainsi annoncé sa tyrannie.   

Et il n'est pas arrivé seul au pouvoir : lors des élections de 1933, plus de dix-sept millions d’Allemands ont voté pour Adolf Hitler et son Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), ouvrant la voie à son accession au pouvoir.

Arrivée des Juifs hongrois à Auschwitz-Birkenau. Entre le 2 mai et le 9 juillet 1944
Extermination de masse allemande dans le camp de concentration d'Auschwitz : des centaines de milliers de Juifs ont été assassinés dans les chambres à gaz immédiatement après leur arrivéeImage : picture-alliance/dpa/Mary Evans Picture Library

S'en est suivie une guerre déclenchée en Europe et le massacre des Juifs d'Europe. Le régime nazi et ses partisans ont combattu avec une brutalité effroyable tous ceux qu'ils déclaraient ennemis du prétendu peuple allemand. Avec le suicide d'Hitler le 30 avril 1945 et la fin de la Seconde Guerre mondiale huit jours plus tard, le système de gouvernement d’Hitler s'est effondré. Depuis, les Allemands ont juré : "Plus jamais ça !"  

"J'ai l'impression que cette tendance s'est quelque peu atténuée ces dernières années, dans le sens où des néonazis s'expriment à nouveau plus ouvertement", fait remarquer cependant Nikolas Lelle de la Fondation Amadeu Antonio contre l'extrémisme de droite et l'antisémitisme, basée à Berlin.   

"On voit, par exemple, régulièrement des graffitis de croix gammée sur des sites allemands de commémoration. Nous savons, grâce à ces sites, que des écoles des zones rurales, par exemple, sont désormais presque toujours fréquentées par des élèves portant des marques d'extrême droite ou des slogans d'extrême droite sur leurs t-shirts."     

L'antisémitisme de retour 

L'antisémitisme refait surface, constate encore sur la DW l'historienne britannique Lisa Pine. Selon elle, non seulement l'antisémitisme d'Adolf Hitler a survécu, mais aussi son hostilité à la démocratie.  

Les jeunes extrémistes de droite en particulier sont devenus plus violents ces dernières années. 100 ans après la publication par Adolf Hitler de son pamphlet incendiaire "Mein Kampf", de nombreux tabous entourant sa haine inhumaine ont disparu. Beaucoup de spécialistes pensent que les réseaux sociaux en sont aussi responsables. 

Ceux-ci seraient parfaitement adaptés à la double stratégie de l’extrême droite, telle qu’utilisée par Adolf Hitler et son mouvement fasciste : briser à plusieurs reprises les tabous sociaux avec des messages radicaux, pour ensuite se présenter comme bourgeois et conciliants ailleurs.

Nicolas Lelle, de la Fondation Amadeu Antonio, appelle donc à un engagement sociétal beaucoup plus important avec les plateformes de médias sociaux.   

"On entend dire : "On va parler à ces néonazis, on les accepte, c’est l’expression de leur mécontentement actuel". La leçon à tirer est la suivante : l'extrémisme de droite et le racisme ont besoin de limites claires, de lignes rouges clairs. Ces idées doivent être socialement bannies. Et ceux qui les défendent doivent aussi en être conscients."  

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Les Barcelonais pressent pour une organisation du tourisme  

Des manifestants dans les rues de Barcelone contre le surtourisme
Le tourisme représente 18% des emplois à Barcelone Image : Henry de Laguérie/DW

C’est un secteur en pleine croissance qui transforme peu à peu le quotidien des habitants des grands villes : le tourisme bat des records en Espagne mais il provoque de plus en plus de nuisances. Le malaise monte parmi la population qui sort régulièrement dans la rue pour revendiquer un "droit à la ville". Le fer de lance de cette contestation c’est Barcelone. Sur place, le reportage de Henry de Laguérie.  

 

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