RDC : les chances de succès de la médiation des Églises
13 février 2025En RDC, des responsables de la Conférence nationale épiscopale du Congo (la Cenco), et de l’Église du Christ au Congo (l'ECC) ont rencontré Corneille Nangaa, le leader de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), qui est la vitrine politique du M23, dans la capitale provinciale du Nord-Kivu. Les responsables religieux sont allés proposer leur plan de sortie de crise.
Interview Henry-Pacifique Mayala, coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), évalue les chances d'aboutir de cette initiative des catholiques et des protestants :
Henry-Pacifique Mayala : Les églises ont toujours eu un rôle prépondérant, en tous cas durant les moments d'incertitude politique dans ce pays. La bonne chose à faire, selon moi, serait d'accorder à ce processus beaucoup plus d'accompagnement. On a vu le chef de l'Etat qui a été assez ouvert déjà en recevant les évêques de la CENCOet de laisser en mode assez urgent, et d'autre part, le fait d'avoir suivi directement une communication qui allait dans un sens contradictoire de la part du porte parole du gouvernement.
Ça démotive, ça démoralise. L'initiative des leaders religieux catholiques et protestants est saluée par certains congolais.
DW : Mais franchement, est-ce qu'elle n'intervient pas un peu tard , cette initiative ?
Henry-Pacifique Mayala : Je pense que l'initiative des évêques peut jusqu'à un certain niveau paraître utopique. Mais c'est quand même l'une des initiatives qui demeurent la plus légitime et si on peut le dire, politiquement désintéressée.
DW : Donc vous préconisez qu'on accorde également un peu plus de valeur, d'importance à cette initiative des religieux congolais, comme c'est le cas avec les initiatives sous-régionales de Luanda et de Nairobi ?
Henry-Pacifique Mayala : Et plus on attendra, moins on aura l'opportunité à pouvoir saisir cette initiative et l'utiliser à bon escient.
Aujourd'hui, on n'a aucun processus de paix qui est en train de fonctionner ou qui en tout cas, présage de chances à porter des résultats.
Le M23 continue de progresser. Souvenez-vous que le M23avançait et est allé même jusqu'à franchir le rubicon en prenant Goma au même moment que les Nations unies formulait sa résolution qui interdisait ou qui appelait en tout cas les parties à un cessez-le-feu, et surtout au M23 soutenu par le Rwanda, d'arrêter immédiatement sa progression. Ce qui n'a pas été suivi.