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La population de l'Ituri fait face aux ADF

28 juillet 2025

Après un nouveau massacre perpétré par les ADF à Komanda, la population dénonce la passivité des autorités congolaises.

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RDC Des habitants de Komanda regardent les restes calcinés d'un véhicule incendié par les ADF le 27 juillet 2025
Les ADF sèment la désolation à Komanda et dans le reste de l'Ituri. Les habitants en ont assez de ces violencesImage : Olivier Okande/AP Photo/picture alliance

En République démocratique du Congo, ce lundi 28 juillet, les dépouilles d'une vingtaine de personnes ont été enterrées dans une fosse commune à Komanda, dans la province de l'Ituri. Les autres ont été rendues à leur famille.

En tout, une quarantaine de personnes, pour la plupart des catholiques, ont été assassinées lors d'une attaque perpétrée par les ADF, un groupe armé affilié à l'Etat islamique, alors qu'elles s'étaient réunies pour une veillée de prière. 

Sur place, la population dénonce la passivité des autorités face à ce drame. Une passivité qui, selon elles, vient accentuer le sentiment d'abandon qui anime les populations de l'est du pays.

Le choc

A Komanda, la population est encore sous le choc.

L'attaque a eu lieu durant la nuit de samedi à dimanche dans cette localité, située à 70 kilomètres de Bunia, chef-lieu de la province de l'Ituri.

72 heures après le drame, la psychose et l'incompréhension demeurent au sein de la population qui n'arrive pas à comprendre pourquoi l'armée congolaise n'a pas pu réagir à temps face à cette attaque.

Cette femme raconte : "Notre maison a été brûlée et nos proches tués, nous avons survécu par la grâce de Dieu. Les ADF ont opéré sans être inquiétés."

"Nous nous attendions à une intervention des FARDC (l'armée congolaise), mais jusque-là, nous ne voyons aucune réaction. Les autorités doivent assurer notre sécurité", déclare aussi un habitant interrogé par la DW.

RDC: vue aérienne de Komanda (archive de 2023)
Komanda a déjà subi les assauts de l'ADFImage : Glody Murhabazi/AFP

24 corps de victimes ont été enterrés, ce lundi, dans une fosse commune à Komanda, tandis que d'autres ont été emportés auprès de leur famille.

Un message pour terroriser

Les fidèles catholiques ont été la cible des rebelles ADF, les Forces démocratiques alliées, qui les ont attaqués dans leur lieu de prière. Pour Pascal Kakoraki, chef de travaux à l'université de Bunia, il n'y a aucun doute : les ADF ont voulu faire passer un message sur leur capacité de nuisance.

"Le fait d'avoir visé les chrétiens de l'église catholique, ça peut s'expliquer par le fait qu'ils ont vu un grand nombre de gens réunis pour une activité et ils ont estimé que c'était le bon moment pour opérer, explique Pascal Kakoraki. C'est un message pour dire qu'ils existent et qu'ils sont forts, qu'ils sont capables de nuire."

Appel à renforcer les capacités de l'Onu

La Monusco, la mission militaires des Nations unies, a condamné cette attaque et exprimé son indignation face à ces actes inqualifiables.

Patrice Vahard, directeur du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'Homme en RDC, souligne la nécessité de renforcer la capacité de la force onusienne dans la région.

"Ce tragique événement montre la nécessité et l'urgence de renforcer les moyens, tant civils que militaires, de la Monusco, pour soutenir les FADRC et la PNC (la police nationale congolaise). L'ADF continue d'agir sans égard pour l'humanité. Pour eux, tuer, égorger, éventrer ou violer une femme est devenu un fait banal."

L'armée congolaise en Ituri, de son côté, garantie, dans un communiqué, sa détermination à poursuivre les auteurs de ces crimes. 

Le pape Léon XIV a exprimé sa profonde consternation face à cette attaque perpétrée contre des fidèles catholiques.

Marcus Loika Correspondant à Bunia en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@MarcusLoika