Au Mali, les voix critiques craignent pour leur sécurité
12 mai 2025Des véhicules de type Land Cruiser ou 4X4 V8 sans plaques et aux vitres fumées avec des hommes armés en civil à bord... De sources sécuritaires, le mode opératoire ressemble bien à celui de la Sécurité d'Etat.
Vendredi dernier, entre midi et 13H, Ibrahim Tamega, un proche de l'ancien président IBK et visage connu du collectif des jeunes pour la démocratie, a failli se faire enlever. S'il est encore en liberté, il le doit aux jeunes de son quartier qui se sont opposés à son rapt.
Cadre légal violé
Sidi Touré, chargé de communication du Parena, le parti de Tiebile Drame, ex-ministre des Affaires étrangères, condamne ces enlèvements qu'il juge inopportuns et en dehors de tout cadre légal :
"Nous sommes dans un pays qui est régi par une Constitution qui est toujours en vigueur et par une charte de la transition. Les responsables politiques qui ont été enlevés, je pense qu'on doit le faire dans le cadre de la légalité. Si on reproche quelque chose à ces responsables-là, le juge est habilité à leur envoyer un mandat. Nous sommes dans une situation extrêmement critique et le pays est attaqué de toutes parts par ses ennemis".
Cheick Oumar Doumbia, communément appelé COD, le nouveau visage de la contestation au régime de la transition malienne, a de son coté, pu se sauver dans la nuit de vendredi à samedi dernier grâce là aussi à ses amis qui auraient résisté face à plusieurs hommes armés en civil à bord d'un véhicule de type 4X4 V8.
Al Bachir Thiam du parti Yelema n'a pas eu cette chance. Il a été emmené par des hommes non identifiés dans les rues de Kati", près de Bamako. Il en est de même pour Al Hassan Abba, le secrétaire général du parti Codem. Celui-ci a été arrêté à son domicile par des hommes armés se présentant comme des gendarmes. Ses proches disent ne plus avoir de nouvelles de lui depuis jeudi dernier.
Interpellations sans raison
Lamine Diallo, chargé à la communication du parti Codem dénonce une pratique qui selon lui ternit l'image du pays : "Ce genre de pratiques est érigé en règle. Certaines personnes disparaissent et réapparaissent sans explications plausibles. Notre camarade n'a pas fait exception à la règle. Cette situation est non seulement préjudiciable pour les autorités, mais aussi pour le pays. Parce que dans le concert des nations, certaines pratiques ne sont pas du tout tolérées".
Pour l'heure, on ne connaît pas encore les raisons officielles de ces interpellations. Ces enlèvements surviennent dans un contexte de fortes tensions au Mali entre les pro démocratie et les soutiens des militaires au pouvoir. La semaine dernière, les militaires au pouvoir ont annoncé la suspension des partis politiques alors que ceux-ci s'apprêtaient à manifester contre le pouvoir en place.