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Débat sur la laïcité au Mali avant le retour de l'imam Dicko

Mahamadou Kane
10 février 2025

Les proches de l'imam Mahmoud Dicko annoncent son retour au Mali. Pendant ce temps, des tensions éclatent entre les autorités de la transition et certains prêcheurs.

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Photo montrant l'imam Mahmoud Dicko lors d'une conférence de presse, tenant un micro dans sa main droite et levant l'index de sa main gauche (Archives - Bamako : 28.11.2021)
D'après ses proches, l'imam Mahmoud Dicko devrait rentrer au Mali entre le 13 et le 14 février 2025Image : Florent Vergnes/AFP/Getty Images

Mercredi 5 février, Daouda Magassa, un proche de l'imam Mahmoud Dicko a été enlevé par des individus non identifiés. Celui-ci préside le comité d'accueil de l'influent imam qui a passé près d'un an d'exil en Algérie en raison de ses relations conflictuelles avec le régime en place.

Les proches de Daouda Magassa déclarent n'avoir aucune nouvelle de lui depuis.

Cet enlèvement illustre le climat qui règne au Mali où les relations sont pour le moins tendues entre les autorités de la transition et certains prêcheurs dont les sermons prennent des tournures politiques. Certains d'entre eux ont été brièvement interpellés ou séjournent actuellement à la maison centrale d'arrêt de Bamako pour avoir émis des réserves sur la gestion du pays en lien avec la pratique de l'islam.

Atteinte à la laïcité ?

Photo de la grande mosquée de Djenne bordée d'un marché où sont visibles des étales et des hommes
Selon la Constitution, le Mali est une nation laïque. Toutefois, l'islam, qui est pratiqué par la majorité de la population, reste la religion dominante du paysImage : Michel Renaudeau/IMAGO

Le 24 janvier dernier, l'imam Sékou Sidibé a été placé sous mandat de dépôt pour "incitation à la violence, troubles à l'ordre public et tentative de démoralisation des troupes". Il avait critiqué les formateurs militaires qui selon lui, ne respecteraient pas la laïcité du Mali

En cause, une obligation faite à des hommes de se raser la barbe pendant leur formation. Pour l'imam Sékou Sidibé, la laïcité devrait aussi se traduire par le fait que chaque personne est libre d'exprimer sa croyance religieuse et dans le cas concret, les hommes barbus ne devraient pas être obligés de se raser.

Avant lui, à la fin de l'année 2024, Bandjougou Traoré, un autre imam, avait écopé de deux ans de prison ferme après un sermon très critique sur les femmes au sein de l'armée et dans le sport. 

Frontière entre le politique et le religieux 

Un imam doit-il ou peut-il parler de politique ?

"L'incapacité ces dernières années des hommes politiques à former et à encadrer les militants pour mener des activités politiques sur le terrain afin d'aller à la conquête et à l'exercice du pouvoir, a poussé certains cadres politiques et même certains hommes d'État à aller dans les mosquées pour les transformer en QG politique ou en quartier général de campagne", pense Mahamane Mariko du parti Craj. Il tente ainsi d'expliquer ce qu'il considère comme "la faillite de la classe politique et dirigeante" qui pourrait justifier "l'implication des leaders religieux dans les questions politiques". 

Mahamane Mariko soutient que "cela a montré les faiblesses de la classe dirigeante et de la classe politique aux leaders religieux".

Un imam doit-il ou peut-il parler de politique ou porter des revendications sociales lors de ses prêches ? Oui d'après Al Hassan Bah du centre islamique de formation et de documentation. "Par exemple, si un frère veut parler des forces armées, il doit le faire de la plus belle des manières. Il doit pour cela acquérir le savoir qu'il faut en la matière. Il doit être en possession de toutes les informations nécessaires et appliquer la règle de la sagesse", explique l'islamologue.