Mali : la classe politique dénonce les dérives du pouvoir
30 avril 2025Les participants ont recommandé la dissolution des partis politiques, mais aussi la reconduction du président de la transition militaire, le général Assimi Goïta, pour un mandat de cinq ans renouvelable.
Des annonces qui sont froidement accueillies sur la scène politique malienne.
Parmi les réactions, celle de l'ancien ministre Mohamed Salia Touré qui a servi dans le premier gouvernement de la transition de Moctar Ouane. Celui-ci, dans une tribune publiée sur les réseaux sociaux, indique que la suppression du multipartisme serait, "non seulement une erreur, mais aussi une faute historique".
Vers un système plus proche de celui des autres pays de l'AES ?
"Une erreur", c'est le terme utilisé également par Nouhoum Togo, président du parti USR, acteur du mouvement démocratique de mars 1991.
"Concernant le mandat de cinq ans pour le président de transition, je crois que les Maliens en tireront les conséquences. Personnellement, je me suis toujours dit qu'ils (les militaires au pouvoir) feront tout pour harmoniser la différence entre nous et les autres pays de l'AES, notamment le Burkina Faso et le Niger. Parce qu'ils n'ont pas de Constitution, contrairement au Mali qui a une Constitution qui protège les partis politiques", assure-t-il à la DW.
"Il n'y a aucun exemple au monde ou, pour créer un parti politique, il faut débourser 100 millions de francs CFA. Nous tirons donc des leçons et nous prenons acte. Dans les jours à venir, nous allons analyser la situation pour voir quelles sont les réponses qu'il faut donner."
Une constitution bafouée ?
Selon Hamidou Doumbia, porte-parole du parti Yelema de l'ancien Premier ministre Moussa Mara, les conclusions des concertations autour de la relecture de la charte des partis politiques violent la Constitution malienne, adoptée en juillet 2023 par le gouvernement de transition.
"Ce n'est pas quelques personnes réunies dans une salle qui peuvent donner un mandat à un président, on n'a jamais vu ça", s'indigne-t-il au micro de la DW.
"Pour ce qui concerne la dissolution des partis politiques, il n'y a aucun document juridique, la législation malienne ne leur permet pas de faire cela. Il y a donc des recommandations qui ont été formulées, mais ce sont des recommandations anticonstitutionnelles. Le président est le garant de la Constitution et c'est à lui de protéger la Constitution."
La protection et le respect de la Constitution, mais aussi la sauvegarde des acquis démocratiques au Mali, des thèmes qui seront au menu, ce dimanche 4 mai, de la conférence de presse du collectif des jeunes leaders des partis politiques et de la société civile, qui s'oppose à la dissolution des partis politiques.