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La situation se tend dans le secteur de la santé à Bamako

Mahamadou Kane
2 avril 2025

Au Mali, le CHU Gabriel Touré à Bamako fonctionne au ralenti après l’emprisonnement du Pr Broulaye Samaké. Les médecins ont déclenché une grève en protestation.

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Une aide soignante et des visiteurs à l'hôpital de Gao en 2012
Image/Archives - Alors que la tension monte à l'hôpital Gabriel Touré, c’est l’ensemble du système de santé qui se retrouve sous pression, avec des répercussions inquiétantes pour les patients.Image : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

Le professeur Broulaye Samaké, médecin réputé, chef du service anesthésie et réanimation, est au cœur d’un litige foncier avec un militaire.

Cette affaire a provoqué un mouvement de grève des professionnels de la santé, qui dénoncent une injustice et menacent de paralyser le système sanitaire à l’échelle nationale.

Pendant ce temps, les patients et leurs accompagnateurs subissent de plein fouet les conséquences de cette mobilisation.

Des patients en détresse

Dans les couloirs du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Gabriel Touré, l’inquiétude est palpable. Ibrahim, qui veille sur son frère hospitalisé en attente d’une intervention chirurgicale au dos, témoigne des difficultés rencontrées :

"Cela fait trois à quatre jours qu’il attend d’être opéré. C’est une situation qui nous affecte car son état est assez critique. On nous a demandé d’aller vers la banque de sang, mais une fois sur place, on nous a renvoyés à la mini banque du CHU Gabriel Touré".

Après des heures passées à parcourir la ville à la recherche d’une poche de sang, Ibrahim confie son désarroi :

"Les patients souffrent énormément de cette situation, et nous, les accompagnateurs, sommes à bout. Les médecins nous ont clairement dit qu’il est impossible d’obtenir du sang en raison de l’arrêt de travail. Désormais, nous envisageons d’aller voir ailleurs pour l’opération".

Mali Bamako 2023 | Le général Assimi Goïta et ses gardes
Le Mali, confronté au jihadisme et à une profonde crise multidimensionnelle, a été le théâtre de deux putschs, en août 2020 et mai 2021. Il est depuis gouverné par une junte dirigée par le général Assimi Goïta.Image : AP Photo/picture alliance

Une grève qui s’étend

Si le syndicat du CHU Gabriel Touré avait initialement assuré que les patients hospitalisés avant le début de la grève continueraient à recevoir des soins, les nouvelles admissions sont désormais bloquées. Le professeur Amadou Maïga, secrétaire aux revendications du comité syndical de l’établissement, confirme cette décision :

"Les nouvelles admissions ne seront pas prises en charge. Que ce soit pour des accidents de la voie publique, des urgences obstétricales ou pédiatriques, nous ne sommes pas en mesure d’assurer leur traitement. Nous sommes conscients des conséquences, mais nous devons défendre nos revendications".

L’impact de ce mouvement ne se limite pas à Bamako. En signe de solidarité avec le professeur Samaké, l’Hôpital du Mali a également entamé ce mercredi un arrêt de travail illimité. De son côté, le syndicat des médecins du Mali annonce une série d’actions à l’échelle nationale.

Un dossier sous haute tension

Le professeur Broulaye Samaké doit comparaître devant un juge ce jeudi. Ses collègues, persuadés qu’il est victime d’une injustice, réclament sa libération et un règlement rapide du conflit foncier.

Alors que la tension monte, c’est l’ensemble du système de santé qui se retrouve sous pression, avec des répercussions inquiétantes pour les patients. Dans ce climat d’incertitude, la situation sanitaire pourrait se dégrader davantage si aucune solution n’est trouvée rapidement.