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Au Mali, le bras de fer avec Barrick Gold continue

Mahamadou Kane
15 janvier 2025

La multinationale canadienne a annoncé suspendre temporairement ses opérations sur le site de Loulo-Gounkoto.

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Travailleurs dans une mine d'or en Centrafrique
Le weekend dernier, le gouvernement malien de transition a saisi, puis transporté vers Bamako entre trois et quatre tonnes d'or détenues par la multinationale canadienne Barrick Gold.Image : Thierry Bresillion/AA/Picture alliance

C'est à bord de deux hélicoptères que les autorités de transition maliennes auraient transporté, samedi 11 janvier, entre trois et quatre tonnes d'or, dont la valeur est estimée entre 156 et 243 milliards de FCFA.

Écoutez la correspondance de Mahamadou Kane

Cette opération s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre d'une ordonnance provisoire de saisie de l'or stocké par Barrick Goldsur son site de Loulo-Gounkoto, situé dans la région de Kayes, dans l'ouest du pays.

La mesure avait été annoncée par le gouvernement malien en début d'année, après que celui-ci a réclamé aux sociétés minières une somme comprise entre 300 et 600 milliards de FCFA. Barrick Gold avait, dans la foulée, menacé de suspendre sa production si cette mesure était appliquée. Mardi (14.01.2025), l'entreprise a finalement annoncé une suspension temporaire

À l'origine du différend

Pour Djibril Diallo, spécialiste des questions minières, la source du problème entre l'État malien et Barrick Gold vient d'un audit : "Le différend entre Barrick Gold et l'État malien vient du dernier audit minier qui a été effectué pour tenter de voir ce que les mines rapportent concrètement à l'État en termes de taxes, d'impôts et de dividendes. Le rapport provisoire, puis le rapport final, ont été remis au président de la transition, le colonel Assimi Goïta. L'État est dans son rôle de réclamer son dû. Barrick va peut-être tenter de défendre les montants qui lui sont réclamés et éventuellement négocier avec des moratoires."

La société canadienne aurait proposé, en 2024, un règlement à l'amiable de 370 millions de dollars, soit un peu plus de 200 milliards de FCFA. Le 2 décembre dernier, les autorités maliennes ont cependant délivré un mandat d'arrêt national contre Mark Bristow, le PDG sud-africain de Barrick Gold, pour "blanchiment de capitaux". 

De nombreux employés locaux

Selon Kassim Keita, du parti Alliance patriotique pour le Mali (APPM) et membre du Conseil national de transition (CNT), Barrick Gold doit s'exécuter :

"La situation qui oppose l'État à Barrick Gold est très claire. Ce sont des impayés que la société Barrick Gold aurait dû verser dans le compte de l'État malien depuis des années et qu'elle n'a pas fait. Donc, compte tenu de la non-exécution de ses obligations, notamment du pourcentage que l'État devrait percevoir, et d'une série d'irrégularités constatées auprès de la société, l'État malien, après avoir longtemps attendu que Barrick honore ses engagements, a finalement fait le choix de se réorganiser face à ce dossier. La société est désormais prête à s'exécuter."

Sur les 8 000 employés de Barrick Gold, dans la plus grande mine du Mali, 90 % sont des nationaux. Nous avons tenté de recueillir les réactions des responsables de Barrick Gold et des syndicats des mines, mais ils n'ont pas donné suite à nos sollicitations.