Que cache l'arrestation de hauts gradés de l'armée au Mali ?

Au Mali, plusieurs sources font état de l'arrestation d'une cinquantaine d'officiers haut gradés de l'armée depuis la semaine dernière. Ces arrestations se seraient poursuivies dans la nuit de dimanche à lundi à Bamako, la capitale. Les généraux arrêtés sont accusés d'avoir tenté de déstabiliser les institutions de la transition en cours à en croire des sources militaires contactées par l'AFP. 

Ces arrestations ont principalement eu lieu au sein de la garde nationale, un corps de l'armée malienne auquel appartient le ministre de la Défense, le général Sadio Camara, une des principales figures du régime en place.

Analyse de Mohamed Amara, enseignant à l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako. 

Mohamed Amara: Ces arrestations en disent long sur la faiblesse de ceux qui gouvernent des exécutifs à avoir des politiques inclusives, des politiques ouvertes sur le monde qui ne concernent pas que ceux qui sont au Mali, mais ceux qui sont aussi en dehors du Mali, en dehors du Burkina, en dehors du Niger et qui sont des acteurs importants pour éviter ces purges, si elle se confirme.

Ces arrestations mettent aussi en avant un autre point important: le rapport de force entre la hiérarchie militaire. Cela permet de dire quel'arméeest au bord du précipice aujourd'hui.

Pourquoi l'armée ne communique pas pour dire que c'est vrai ou c'est faux ?

C'est parce qu' il est difficile aujourd'hui de se mettre d'accord au sommet de l'état-major sur ce qu'on doit dire ou non.

DW: Au Burkina Faso aussi, plusieurs arrestations de hauts gradés ont eu lieu pour les mêmes motifs. Finalement, les militaires à la tête de ces pays semblent furieux en dépit des assurances qu'ils donnent à leur population.

Mohamed Amara: Ces différentes arrestations au Mali ou au Niger et ailleurs sont le signe de l'effritement de la popularité de ceux qui ont pris le pouvoir par les armes, c'est-à-dire ceux qui gouvernent ces États: Mali, Niger ou Burkina Faso. Il est important pour ces trois pays dirigés par des militaires de  trouver des solutions aux problèmes que rencontrent leurs populations.

Il doivent remettre sur la table l'importance, la nécessité de faire la paix, la nécessité d'impliquer l'ensemble des acteurs, la nécessité de revenir à un ordre constitutionnel.

La nécessité aussi de sortir de cette campagne d'arrestation qui ne profite à personne à part le fait

que ça divise les populations de ces pays, à part le fait aussi que quelque part cela profite aux groupes narco terroristes.