Est de la RDC : des experts de l’Onu parlent d’annexion
3 juillet 2025Alors que la République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé un accord de paix la semaine dernière à Washington, un nouveau rapport d'experts de l'Onu présente de nouvelles preuves de l'implication du Rwanda dans les combats dans l'est de la RDC.
Ces combats ont abouti il y a plus de cinq mois à la prise des villes de Goma et Bukavu, respectivement chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Des zones désormais sous contrôle de la rébellion de l'AFC-M23 dont le coordonnateur, Corneille Nangaa, est isolé par le Rwanda selon le rapport des experts de l'ONU.
Accentuer la pression sur le Rwanda
Ce n'est pas la première fois que des experts des Nations unies affirment que le Rwanda soutient les rebelles de l'AFC-M23, dans la guerre qui les oppose aux forces armées de la République démocratique du Congo, les FARDC, dans l'est de la RDC.
Mais Kigali a toujours nié ces accusations. Marius Mubalama, analyste politique congolais, pense que l'Onu devrait plutôt mettre la pression sur le Rwanda afin qu'il retire ses troupes du Congo.
"Une résolution avait été prise qui demandait à ce que le Rwanda puisse se retirer de l'est de la République démocratique du Congo, rappelle l'analyste. Ce n'est pas la première fois que le Rwanda avait déjà attaqué la RDC et a refusé de se retirer. Au-delà de cette résolution 2773 qui a été votée à l'unanimité, il va falloir mettre en place un mécanisme qui va faire que le Rwanda puisse subir la pression. Au cas contraire, ils vont rester et continuer à exploiter les ressources minières."
Accès aux minerais
Exploiter les ressources minières dans l'est de la RDC, c'est d'ailleurs l'objectif poursuivi par Kigali selon le rapport des experts de l'Onu qui précisent que le président Paul Kagame voudrait plutôt annexer l'est de la RDC pour un accès libre aux minerais dont regorge cette partie du pays.
Le Rwanda a pourtant signé la semaine dernière à Washington, un accord de paix avec la RDC. Les autorités congolaises devraient alors être prudentes, selon l'analyste Justin Kamilolo de la dynamique des politologues, la Dypol.
"Le Rwanda ne respecte pas ses engagements, constate Justin Kamilolo. J'en appelle à la prudence de la République démocratique du Congo. La RDC seule s'est laissée piéger par le Rwanda et le Rwanda continue son bonhomme de chemin. Partout où il est en train de gagner de l'espace il y met son administration qui est de l'obédience totalement rwandaise pour avoir toujours l'occupation et la mainmise sur ces minerais."
Nangaa veut avancer jusqu'à Kinshasa
Un objectif totalement différent de celui que poursuit Corneille Nangaa. Cet ancien président de la commission électorale de la RDC (Ceni), devenu coordonnateur de l'Alliance Fleuve Congo, l'AFC-M23, voudrait, lui, avancer jusqu'à Kinshasa et donc, renverser le président Félix Tshisekedi, ce à quoi s'oppose le Rwanda, selon les experts de l'Onu.
Corneille Nangaa a donc été mis à l'écart dans la gestion du mouvement rebelle. Moïse Cifende, enseignant à l'université catholique de Bukavu, explique : "Il n'y a là rien d'étonnant. L'un est Rwandais et l'autre est Congolais. Chacun travaille ou devait travailler dans l'intérêt de son pays. En ce qui concerne l'AFC-M23, après la signature de l'accord de paix, c'est là qu'il doit démontrer qu'il est réellement dans l'intérêt du pays en se joignant aux efforts du dialogue pour le règlement pacifique des différends."
La rébellion du M23 a resurgi en novembre 2021. Corneille Nangaa a rejoint le mouvement en décembre 2023 avec pour vitrine politique l'Alliance Fleuve Congo (AFC).