Les jeunes, anciens employés d'ONG, ont la vie dure au Niger
25 juillet 2025"Juste après le coup d'État, les fonds ne rentraient pas régulièrement et donc, nos activités étaient retardées. Finalement, ils ont décidé d'arrêter carrément les financements".
C'est ainsi que Mahamane, 32 ans, a perdu son emploi d'assistant coordonnateur dans une ONG basée à Tillabery. Son cas n'est cependant pas isolé. Souley, 35 ans, a lui aussi perdu son emploi d'enquêteur dans une ONG : "Actuellement, je souffre, cela fait un an qu'on a arrêté".
Depuis le coup d'Etat du 26 juillet 2023, plusieurs ONG ont cessé leurs activités, soit par manque de financement, soit à la demande des militaires qui accusent certaines d'entre elles, dont le CICR, de "collusion avec des groupes armés". Cette politique a mis des milliers de personnes au chômage, dont beaucoup de jeunes employés.
Embauche au point mort
Depuis plus d'an, Mahamane et Souley postulent ainsi au peu d'offres existantes, sans obtenir le moindre rendez-vous d'entretien d'embauche.
"Il y a de plus en plus de chômeurs ici", explique Mahamane. "Et pour les ONG, il faut qu'elles fassent des offres et les offres se font de moins en moins. Du côté de la fonction publique, il n'y a rien pour notre catégorie, la nutrition. On ne nous implique même pas dans le recrutement de la fonction publique".
La seule activité qu'on fait chaque jour, c'est chercher l'opportunité", dit Souley. "On cherche, on postule. Je ne peux même pas vous dire combien de dossiers j'ai déposé !"
Plutôt que d'attendre sans rien faire, Mahamane a tenté de créer une entreprise de prestations de service : "On se cherche. Même pour la création d'entreprise, l'État demande beaucoup plus qu'il n'en faut. J'ai réussi à créer un NIF, numéro d'identification fiscale, pour le commerce général et les prestations de service. Maintenant, même avoir les marchés c'est compliqué".
Rêves brisés
Loin de se décourager, Mahamane s'est lancé dans la vente de voiture, mais, là aussi, le jeune Nigérien peine à s'en sortir.
"Il y a plusieurs difficultés. D'abord, il y a la fermeture de la frontière entre le Niger et le Bénin. Donc faire traverser les véhicules, c'est vraiment compliqué. Et au Niger, il n'y a pas assez d'argent, donc on n'a pas d'acheteur. J'ai même pensé à quitter le pays".
Mahamane et Souley ont vu ainsi leur projet s'envoler. Le mariage de Mahamane a dû être annulé. Ne pouvant plus assurer le paiement de son loyer, il est retourné vivre chez ses parents. Quant à Souley, il a pu compter sur ses frères commerçants qui l'aident à nourrir sa femme et ses deux enfants.