Le SOS des commerçants de Goma

"Les taxes sont devenues très nombreuses", raconte Chantal Kahambu, une commerçante de Goma, dans l'est de la RDC. "Il suffit d'introduire un petit colis sur ce marché pour être soumis à des taxes".

Jeanette, vendeuse d'huile de palme au marché "maman d'Olive Lembe", se plaint elle aussi de la multiplication des taxes. Elle dit ne pas connaître la raison d'être de certaines d'entre elles et pense qu'elles sont trop élevées : 

"Chaque jour, nous devons payer 500 francs congolais, que nous ayons vendu ou non. Même les petits commerçants doivent payer. Avant, cette taxe était de 200 francs, mais aujourd'hui on nous demande de payer 500 francs, alors que notre situation financière est de plus en plus difficile".

Les ménages également concernés

Outre les commerçants, les ménages sont également soumis à des taxes. La plus répandue est la taxe d'assainissement de la ville, qui peut coûter jusqu'à 2 dollars par ménage. Jean-Claude, un père de famille qui a perdu son emploi, avoue qu'il lui sera difficile de payer cette taxe, car elle aggravera sa situation déjà difficile : 

"Nous passons la plupart de nos journées à la maison. Nous nous demandons donc où nous allons trouver ces 2 dollars ! En ce moment, nous n'avons même pas de quoi manger et pourtant on nous demande encore de payer une taxe d'assainissement. Je demande aux nouvelles autorités de nous venir en aide en ne nous faisant pas payer cette taxe, car c'est à cause des récents changements que nous nous retrouvons sans emploi".

Des jeunes au chômage

L'introduction de la taxe d'assainissement a eu des conséquences encore plus graves pour les petites entreprises chargées de l'évacuation des ordures. Depuis que les nouvelles autorités ont repris le monopole de l'assainissement, ces entreprises ont été contraintes de fermer leurs portes car elles ne peuvent plus être sollicitées. Valentin, jeune employé d'une de ces entreprises, s'est ainsi retrouvé au chômage.

"Cette entreprise avait recruté plusieurs jeunes, dont moi, pour nettoyer des parcelles appartenant à certains particuliers. Ce travail nous permettait de gagner notre vie et aidait beaucoup de jeunes chômeurs. Suite à cette décision, notre entreprise a dû fermer ses portes et je me retrouve aujourd'hui au chômage. Je suis étonné de cette décision prise par les autorités."

Le 8 mai dernier, la mairie de Goma a publié une liste de taxes à payer par les opérateurs d'activités installées dans la commune de Karisimbi, dans la ville de Goma. Les montants varient de 5.000 à 600.000 francs congolais par mois, selon la nature de l'activité. Les opérateurs économiques considèrent qu'il s'agit d'une mesure unilatérale, sans fondement clair dans la législation en vigueur.