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Etat de droitSénégal

Sénégal : les lanceurs d’alerte bientôt protégés par une loi

22 août 2025

C'est une première en Afrique francophone. Le Sénégal cherche à se doter d'une loi visant à protéger les lanceurs d’alertes contre les menaces et les intimidations.

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Photo symbole d'un homme utilisant son ordinateur portable.
Les lanceurs d'alertes sont peu protégés en Afrique et courent d'importants risques.Image : Andrey Popov/Panthermedia/imago images

Au Sénégal, le Parlement a examiné lundi 18 août un projet de loi destiné à lutter contre la corruption et à renforcer la transparence de la vie publique.

Cette législation prévoit également la protection des lanceurs d'alerte, répondant à une promesse de campagne du président Bassirou Diomaye Faye. Ce texte est qualifié d'historique : le Sénégal deviendrait ainsi le premier pays francophone d'Afrique subsaharienne à offrir une protection juridique et sécuritaire aux personnes dénonçant des faits d'intérêt public.

Valoriser la veille citoyenne

Dans un contexte socioculturel où dénoncer peut-être perçu comme une trahison, ce projet de loi marque une rupture. Les autorités sénégalaises cherchent à inverser cette logique et à valoriser la vigilance citoyenne.

Aziz Momar Lô, journaliste d'investigation au Sénégal, explique que "on n'en parle pas assez, mais les lanceurs d'alerte, qu'ils soient anonymes ou non, jouent un rôle crucial en divulguant au public des informations auparavant cachées. Par exemple, un contrat secret d'armement signé par l'État du Sénégal avec un vendeur controversé, Petit Boubey, a été révélé grâce au Consortium des journalistes d'investigation (OCCRP). Ces informations proviennent souvent de personnes à l'intérieur de l'administration ou de chercheurs ayant discuté avec des acteurs clés. Elles sont capitales pour comprendre le débat public."

Ecoutez le reportage...

Protéger la confidentialité des lanceurs d'alertes

Dans d'autres pays africains, des organisations de la société civile militent pour des lois similaires. C'est le cas du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) au Burkina Faso.

Selon le Secrétaire exécutif de cette structure, Pissyamba Ouédraogo, la corruption est un phénomène dissimulé dont l'éradication nécessite l'intervention de lanceurs d'alerte qui nécessitent la protection.

Il observe que "dans le monde, 42 % des actes de fraude et de corruption identifiés l'ont été grâce aux signalements de lanceurs d'alerte. Dans la lutte contre la corruption, qui est souvent cachée et discrète, il est essentiel que ces personnes soient protégées pour permettre de détecter et de poursuivre les corrompus".

Adopté par le gouvernement sénégalais le 30 juillet 2025, le projet de loi prévoit plusieurs mécanismes de protection : canaux de signalement sécurisés, confidentialité stricte et mesures d'accompagnement pour soutenir les lanceurs d'alerte et leurs familles.