La Syrie proteste contre le déploiement d'une force internationale à sa frontière
24 août 2006Selon lui la présence d’une force internationale à la frontière libano-syrienne serait un « acte hostile » et un « retrait de la souveraineté libanaise » au profit d'Israël. Une position qui n’empêchera pas le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, de se rendre à Bruxelles, puis au Proche-Orient, pour tenter de mettre au point la composition et le déploiement de cette force de maintien de la paix.
On en aurait presque les larmes aux yeux, ironise la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le président de l’Etat syrien Bachar al-Assad s’oppose à un stationnement de troupes de l’Onu à la frontière libano-syrienne car cela irait à l’encontre de la souveraineté libanaise, comme il l’a expliqué dans une interview télévisée. Pourtant, jusqu’à l’année dernière, où ses troupes ont dû quitter le pays sous la pression de la communauté internationale, il ne se préoccupait pas plus de souveraineté du Liban que de sa première chemise. Jusqu’à aujourd’hui, Damas n’a même pas reconnu officiellement le pays. En réalité, explique le journal, il ne veut pas que la livraison d’armes au Hezbollah par ou depuis la Syrie soit empêchée. Mais c’est précisément le contrôle des frontières qui serait profitable au Liban. Car chaque arme de moins dans la région est déjà un progrès – pour toutes les parties.
Le président syrien sait que les casques bleus lui compliqueraient la tâche pour faire passer secrètement des roquettes au Hezbollah, écrit de son côté la Süddeutsche Zeitung. Mais il a peut-être protesté un peu trop vite, et sans réfléchir. Le stationnement de soldats de l’Onu à la frontière se ferait sur la base de la résolution 1701 du conseil de sécurité. Si Bachar al-Assad voulait l’empêcher, il s’opposerait une fois de plus ouvertement à la volonté de la communauté internationale. Et ça, la Syrie ne peut aujourd’hui plus se le permettre.
La Frankfurter Rundschau se penche quant à elle sur la constitution de la force internationale. Kofi Annan en est conscient, écrit le quotidien, il est grand temps que les Nations Unies s’affirment au Proche-Orient. Mais la visite sur place du secrétaire général de l’Onu n’est que le point de départ. La troupe de maintien de la paix pour le Liban doit être prête peu de temps après, avec une mission bien définie. Sur le chemin, Kofi Annan va d’abord rencontrer à Bruxelles les ministres européens des affaires étrangères. S’il ne reçoit pas de leur part un signe de détermination, les choses risquent de se compliquer. Le temps de réflexion était certes justifié, mais à présent les décisions doivent suivre. Au bout du compte, ce n’est pas déterminant que ce soit la France ou l’Italie qui commande la troupe, ni que tel ou tel pays y contribue plus qu’un autre. Aujourd’hui, c’est la crédibilité même des Nations Unies et de l’Union Européenne au Proche-Orient qui est en jeu.