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La SADC met fin a sa mission militaire dans l'est de la RDC

13 mars 2025

La décision tombe alors que les rebelles occupent depuis plus d'un mois les villes de Bukavu et de Goma et continuent de progresser dans l'est de la RDC.

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Des dirigeants de la SADC, dont Cyril Ramaphosa et Emmerson Mnangagwa
Il faut "considérer" ce retrait annoncé "comme une mesure de renforcement de la confiance visant à consolider le cessez-le-feu", a expliqué lors d'une conférence de presse le président sud-africain (photo d'illustration)Image : Jekesai Njikizana/AFP

Alors que les rebelles du M23 continuent de conquérir des territoires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, la Communauté de développement de l'Afrique australe, la SADC, vient de mettre fin au mandat de sa mission militaire en République démocratique du Congo.

Une décision prise lors du sommet extraordinaire virtuel dirigé par le président zimbabwéen, également président en exercice de la SADC.

Paul Kagame
Le retrait de la mission de la SADC, constituée d'environ 1.300 unités, était exigé par le président rwandais Paul KagameImage : Lim Yaohui/Newscom/Singapore Press Holdings/IMAGO

Le sommet extraordinaire a exprimé sa "grave préoccupation" face à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans l'est de la RDC. Malgré cela, il a ordonné le retrait progressif de ses troupes déployées dans cette partie qui abrite non seulement les rebelles du M23, mais aussi des centaines de groupes armés.

Un timing "curieux"

Le pouvoir de Kinshasa affirme qu'il va prendre ses responsabilités. Selon le député Adolphe Amisi Makutano, cadre du parti présidentiel UDPS, "ils ont apporté ce qu'ils ont apporté. Aujourd'hui, la décision est tombée pour qu'ils rentrent. Qu'ils rentrent en paix et merci de tout ce qu'ils ont posé comme acte pour nous. Nous resterons toujours reconnaissants. Nous serons des vainqueurs".

Le professeur Nkere Ntanda, enseignant à l'université de Kinshasa, affirme que la décision de la SADC intervient à un moment où Kinshasa ne s'y attendait pas. 

La guerre du M23 fait aussi des victimes en Ituri

Il estime que "ce qui est curieux est que ce retrait se fait au moment où les forces rebelles font des progressions significatives. C'est plutôt en ce moment qu'on devait renforcer l'intervention étrangère".

Les Congolais ont désormais les yeux tournés vers Luanda, la capitale angolaise, où doivent s'ouvrir, mardi prochain (18.03), les négociations directes entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23, avec sa branche politique, l'Alliance Fleuve Congo.

Entrée du M23 à Idjwi

Sur le terrain, ce jeudi matin (13.03), les troupes du M23 sont entrées sans tirer un coup de feu à Idjwi, seul territoire insulaire de la RDC, situé au milieu du lac Kivu. Cette zone avait été abandonnée par l'armée congolaise à la suite des combats dans les territoires voisins de Kalehe et Kabare.

Vue sur le lac Kivu
Idjwi se trouve au milieu du lac KivuImage : Luke Dennison/AFP/Getty Images

Les rebelles du M23 ont rencontré la population au bureau de l'administration territoriale, en présence des autorités coutumières et de l'administration publique encore présente dans la zone.

Dans leur déclaration, les officiers du M23 ont dénoncé la mauvaise gouvernance, le clientélisme, et les fausses promesses du gouvernement de Kinshasa.

Enrôlements forcés de soldats congolais

Les nouveaux occupants de l'île ont également rejeté les accusations du gouvernement congolais et de certaines organisations de défense des droits de l'Homme les accusant d'enrôlement forcé. Ils ont parlé de "propagande mensongère" visant à ternir leur image et leur combat.

Le M23 est en effet soupçonné de vouloir enrôler de force les soldats congolais qui se sont réfugiés sur l'île d'Idjwi.

Les rebelles ont aussi demandé aux membres de l'armée congolaise qui se seraient dissimulés au sein de la population de rendre leurs armes et munitions de guerre.