La résolution 1636 contre la Syrie
1 novembre 2005Cette résolution a été présentée par les Etats-Unis et la France et parrainée par la Grande-Bretagne. Elle fait suite à la publication du rapport d’enquête de l’ONU dirigée par Detlev Mehlis sur le meurtre de Rafic Hariri. Un rapport qui implique des dirigeants syriens – mais aussi libanais – dans cet assassinat. On y trouve notamment le nom du général Assef Chaukat, beau-frère du président syrien Bachar El Assad. Ce rapport évoque aussi le manque de coopération de Damas dans cette enquête.
Washington, Paris et Londres avaient prévu des sanctions économiques à l’encontre de la Syrie mais ils ont fini par y renoncer afin d’obtenir le vote favorable de la Russie, la Chine et l’Algérie qui avaient menacé de s’abstenir. A défaut de sanctions économiques, la résolution évoque des mesures supplémentaires que le Conseil pourrait envisager. Les trois promoteurs de ce projet sont donc parvenus à leurs fins : mettre Damas sous pression, en concentrant toutefois le texte sur l’assassinat de Rafic Hariri et non sur l’implication de la Syrie dans le terrorisme international, ce que souhaitaient vivement les Etats-Unis. Là encore, la Russie, la Chine et l’Algérie ont su faire entendre leur voix et elles s’en sont d’ailleurs félicitées. Pas question non plus de geler les comptes de personnes suspectes ni de leur interdire de voyager. Ce genre de décision sera prise au cas par cas, en collaboration avec le magistrat allemand Detlev Mehlis qui est de nouveau à Beyrouth. Son mandat a en effet été prolongé jusqu’au 15 décembre. Autrement dit, il pourra y avoir des arrestations et des interrogatoires, y compris en dehors de la Syrie. Un procédé qui rappelle celui qui avait fait suite au rapport de Hans Blix sur les armes de destruction massives censées être mises en place par l’Irak. Selon Jack Straw, le ministre britannique des affaires étrangères, il n’y a pourtant aucun lien entre les deux :
« Ce n’est pas une situation de déjà-vu, je ne vois aucun parallèle avec l’Irak. »
Les Etats-Unis, eux, sont bien décidés à passer à l’étape suivante et à prendre le plus tôt possible les mesures supplémentaires.
La Syrie de son côté a d’ores et déjà qualifié cette résolution de très négative ou encore d’injuste, puisqu’elle s’appuie, selon elle, sur les conclusions hâtives du rapport Mehlis.