La Russie a commencé à couper le gaz au Belarus
22 juin 2010Selon le Kremlin, le Belarus doit 155 millions d’euros à l’entreprise publique russe Gazprom. Le gouvernement à Minsk conteste cette version. Jusqu’ici Moscou comme Minsk campe sur ses positions, un accord rapide n’est pas en vue. L’Europe elle s’inquiète et espère que ses livraisons de gaz se poursuivront normalement.
Le Belarus a accumulé des dettes envers Gazprom, et le groupe gazier public doit réduire ses livraisons au voisin. Depuis le début de l’année, les tarifs du gaz ont augmenté, mais le Belarus continue de payer le gaz reçu à l’ancien tarif, ce qui explique la différence de 155 millions d’ euros d’arriérés. Le président de Gazprom, Alexei Miller est venu au Kremlin chercher le soutien du président russe; et effectivement Dmitri Medvedev donne son feu vert. Peu après Alexei Miller déclare :" Nous réduisons déjà nos livraisons de gaz à la République du Belarus de 15% et nous allons continuer de les réduire progressivement, si nécessaire jusqu’à 85% des quantités quotidiennes, progressivement avec les dettes non réglées ."
Depuis ce matin Gazprom a même abaissé ses livraisons à 30%. Le gouvernement du Belarus avait proposé de payer une partie de ses dettes en nature, en marchandises diverses ce qu’ont immédiatement rejeté les autorités russes. Par ailleur, Minsk a fait savoir que Moscou elle- même doit encore régler une facture de 213 millions de dollars pour le transit de gaz vers l'Europe. Le contentieux gazier entre Moscou et Minsk est un sujet de préoccupation en Europe. En janvier 2009, la Russie avait interrompu ses livraisons pendant deux semaines en raison d'une controverse similaire avec l'Ukraine. Ce mardi la Commission européenne a appelé le Bélarus et la Russie au respect de leurs "obligations contractuelles".
Ce mardi, le président du Bélarus a ordonné d'arrêter le transit du gaz russe vers l'Europe par le territoire de son pays. Alexandre Loukachenko accuse les autorités russes d'"humilier le peuple bélarusse". Mais en fait, l'Europe a cette fois peu de risques d'être concernée; en effet, seul un dixième des exportations de gaz destinées au Vieux continent transite par le Belarus. Aussi Gazprom rassure ses clients européens. L’attaché de presse du groupe, Kuprianov : „Le transit de gaz doit se poursuivre dans son volume entier , et pour cela nous avons de nombreuses possibilités, surtout avec le pipe- line principal „Jamal-Europa", qui appartient à Gazprom – ce gazoduc passe certes à travers le territoire biélorusse , mais il est exclusivement réservé à l’exportation et n’est donc pas destiné à l’usage de la société biélorusse BELTRANSGAS. Le gaz doit donc continuer d’être acheminé normalement, nous n’attendons aucune perturbation. Et pour nous ce n’est pas un problème de payer les droits de transit. Ce n’est qu’une question technique qui peut être réglée à tout moment ..."
Un aveu que Gazprom a aussi des factures à régler. Après cette déclaration, le Belarus a fait savoir que le différend pourrait être réglé: dès que Gazprom aurait payé ses dettes, Minsk transfèrerait alors la somme demandée par Moscou.
Reste à voir qui fera le premier pas.
Auteur: Philippe Pognan
Edition: Marie-Ange Pioerron