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La diplomatie africaine peine à se faire entendre

Jean-Claude Abalo | Jean-Fernand Koena
30 juin 2025

La voix du continent est-elle audible dans les grandes crises internationales ? La question se pose une nouvelle fois, alors que le monde suit de près les tensions au Moyen-Orient.

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Le président kenyan, William Ruto, s'exprime lors de la conférence des chefs d'état-major de la défense de 2025 à Nairobi, au Kenya.
Ils sont nombreux à représenter l'Afrique mais leurs voix manquent encore de puissanceImage : Kenya Presidential Communication Service

Aux Nations Unies, les discussions sur le conflit entre Israël et l'Iran se sont enchaînées  à un rythme effréné avant que Donald Trump n'annonce un accord de fin des hostilités entre les deux bélligérants.

Les grandes puissances occidentales, la Russie, la Chine… chacune défend sa position dans les crises. Mais du côté des diplomaties africaines… silence radio. Plusieurs ambassadeurs du continent, approchés ces derniers jours, ici à New York, ont poliment décliné nos demandes d'interview. Un refus de s'exprimer qui interroge.

Crainte de représailles

À Bangui, en Centrafrique, mon collègue Jean-Fernand Koena a pu, lui, recueillir le regard de Laurent Gonima Pompali, ancien député et ex-ministre des Affaires étrangères : "Les rapports de domination qui existaient avant les indépendances se sont encore renforcés. L'Afrique a reculé, c'est un fait. Chacun croit que son petit pouvoir suffit à assurer sa survie. Résultat: l'Afrique est devenue muette, silencieuse, incapable de s'exprimer, incapable d'agir. Parce qu'elle a peur… Peur de la puissance américaine, peur de la puissance israélienne, peur des représailles."

"Le rôle de la diplomatie africaine dans les crises internationales reste plus que marginal" (Henri-Désiré Nzouzi)

Une voix inaudible

Un constat que partage Henri-Désiré Nzouzi, analyste en diplomatie et géopolitique basé à Bruxelles : 

"Le rôle de la diplomatie africaine dans les crises internationales reste plus que marginal. Pourquoi? Parce que l'Afrique, en réalité, ne compte pas sur l'échiquier mondial. Même lorsqu'elle tente de promouvoir des solutions pacifiques et durables, en prônant le dialogue et la négociation, cette diplomatie se heurte à de nombreux obstacles."

Manque de poids politique et économique, peur des représailles, moyens humains limités, autant de raisons donc qui expliquent la faiblesse de l'action diplomatique de l'Afrique dans la gestion des conflits dans le monde.

"Le continent a besoin d'une stratégie diplomatique forte, assumée et structurée autour de l'Union Africaine" estime pour sa part un diplomate que nous avons rencontré.

 

 

Skyline de New York
Jean-Claude Abalo Correspondant à New York aux Etats-Unis pour le programme francophone de la Deutsche Welle