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Joseph Kony, un "criminel de guerre" toujours recherché

Bob Barry | Avec agences
9 septembre 2025

À partir de ce mardi 9 septembre, la Cour pénale internationale examine les 39 chefs d'accusation qui pèsent contre Joseph Kony.

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Joseph Kony et ses hommes
Joseph Kony, présumé criminel de guerre et chef de l'Armée de résistance du Seigneur est accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.Image : Stuart Price/AP Photo/dpa/picture alliance

Lors de l'audience de "confirmation des charges" qui s'ouvre ce mardi 9 septembre, l'accusation exposera les qualifications retenues contre Joseph Kony. Ensuite, les juges décideront si les accusations sont suffisamment étayées pour ouvrir un procès qui ne pourra avoir lieu que si Joseph Kony est retrouvé et transféré à La Haye.

La chasse dont fait l'objet depuis des décennies, le tristement célèbre chef de milice ougandais, Joseph Kony, n'a toujours pas abouti, malgré la mobilisation des commandos spéciaux américains et africains, qui le pourchassent dans une zone étendue de forêt, entre la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud, la République centrafricaine et l'Ouganda.

Des victimes témoignent

Plusieurs décennies après que le seigneur de guerre Joseph Kony a abandonné le parc national du Garamba, son quartier général en RDC, la traque du chef de l'Armée de résistance du Seigneur, la LRA, est sans fin.  

Everlyn Ayo, aujourd'hui âgée de 39 ans, est l'une des nombreuses victimes des rebelles de la LRA. Alors qu'elle était encore une jeune fille, Everlyn a subi l'attaque des miliciens de l'Armée de résistance du Seigneur de Joseph Kony. 

Une scène de vie en Ouganda
Les femmes et les enfants sont les premières victimes de la LRA en Ouganda.Image : picture alliance/dpa/E. Krafczyk

"Peu après que j'ai commencé ma scolarité, les rebelles de la LRA ont attaqué l'école, tué et brûlé nos professeurs dans de grands chaudrons, et nous avons été forcés de manger leurs restes... Ce que nous avons fait" se souvient Everlyn.

Elle raconte aussi que souvent, à son retour au village, elle et ses amies trouvaient des cadavres ensanglantés. Ces images ont traumatisé la jeune Ougandaise.

"Depuis de nombreuses années, je ne vois plus que du sang. C'était insupportable, nous devions enjamber les cadavres pour pouvoir passer" assure-t-elle.

Wilfred Lalobo fait également partie des victimes des rebelles de l'Armée de résistance du Seigneur. Il se souvient que lorsque les rebelles sont arrivés, les troupes gouvernementales ont pris la fuite.  

"Ceux qui ne pouvaient pas courir ont été ligotés. Les animaux et la nourriture ont été rassemblés, puis ils ont commencé à tuer des civils. Certaines personnes ont été poignardées à la baïonnette, d'autres ont été tailladées, et les autres ont été brûlées vives dans leur maison" raconte Wilfred qui espère que justice sera faite, à l'issue de l'audience concernant le chef de la LRA devant la CPI.

La traque se poursuit

La rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur, dirigée par Joseph Kony, s'opposait au président ougandais, Yoweri Museveni. Ses crimes ont causé la mort d'environ 100 000 personnes, selon les estimations de l'Onu, et 60 000 enfants ont été enlevés, lors d'une campagne sauvage qui s'est étendue à plusieurs pays voisins.

Des combattants de l'armée de résistance du Seigneur en Ouganda.
Les rebelles de la LRA sont responsables d'éxécutions sommaires en Ouganda et dans la région des Grands Lacs. Image : AP Photo/picture alliance

En 2014, plus de 200 soldats américains stationnés dans la région, munis d'équipements sophistiqués et d'avions spéciaux, avec pour mission de trouver Joseph Kony, ne sont pas parvenus à arrêter le chef de guerre qui s'était retranché au Soudan.

À l'époque, l'Union africaine avait également fondé une troupe régionale de 5 000 soldats, issus des armées de l'Ouganda, du Soudan du Sud, de la République centrafricaine et de la RDC avec, pour mandat, de traquer Joseph Kony par-delà les frontières.

Mais les armées centrafricaine et sud-soudanaise se sont embourbées dans leurs propres guerres civiles, et l'Ouganda et la RDC ont plusieurs fois retiré leurs hommes pour des missions plus pressantes.

L'Onu avait pourtant publié des images satellites localisant l'ancien chef rebelle dans la région soudanaise de Kafia Kingi, où il aurait trouvé refuge après avoir été chassé du nord de l'Ouganda, en 2006. 

Ses hommes ont poursuivi leurs exactions avec un contingent amaigri et désormais presque inactif de partisans en République démocratique du Congo (RDC), en République centrafricaine, au Soudan et au Soudan du Sud.

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent