La séparation des pouvoirs est l'un des principes de l'état de droit.
Dans une démocratie, les responsables politiques doivent parfois rendre des comptes et sont traduits pour ce faire en justice, à l'instar de n'importe quel autre citoyen, n'importe quelle autre citoyenne.
Cela a été le cas de deux populistes de droite très récemment : Jair Bolsonaro, ancien président du Brésil, et Marine Le Pen, qui est à la tête du Rassemblement national, en France.
Au-delà des raisons de leur poursuite, des charges qui pèsent contre eux et – dans le cas de Marine Le Pen, de la condamnation prononcée par les juges, nous allons voir que ces deux figures de la politique et leurs soutiens utilisent les mêmes arguments pour dénigrer l’appareil judiciaire et mobiliser leurs partisans en contestant la légitimité de l’état de droit.
Jair Bolsonaro devant les juges
Début avril, l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro a rassemblé des dizaines de milliers de ses partisans à Sao Paulo. L’ancien chef d’Etat les avait appelés à manifester contre la décision de la Cour suprême de le juger pour tentative présumée de coup d'Etat.
"Ce qu'ils veulent vraiment, ce n'est pas m'enfermer: ils veulent me tuer, parce que je suis une épine dans leur gorge". Voilà les mots employés par l’ex-président devant la foule, pour accuser les juges de le persécuter.
Les faits remontent au 8 janvier 2023, à Brasilia. C’était une semaine après l’investiture de Luiz Inacio Lula da Silva, et en l'absence de Jair Bolsonaro, alors aux Etats-Unis. Ce jour-là, des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient envahi et saccagé les bâtiments de la Cour suprême, du Parlement et du palais présidentiel, appelant à une intervention militaire.
Des scènes qui rappellent l’assaut du Capitole par des sympathisants trumpistes, lors de l’investiture de Joe Biden.
Comparaison avec la condamnation de Marine Le Pen
Toujours est-il que le 26 mars 2025, la Cour suprême a décidé que Jair Bolsonaro, âgé de 70 ans, devait être jugé pour tentative de coup d'Etat. L'ancien président encourt jusqu'à 40 ans de prison. Il clame son innocence et se dit "persécuté". Et lui qui a bien l’intention de se présenter à la présidentielle de l’année prochaine a d’ailleurs déclaré, je cite : "Le système actuel cherche à écarter les dirigeants de droite du scrutin (…) Mais s'ils pensent que je vais abandonner ou m'enfuir, ils se trompent". En ajoutant : "Ce qui s'est passé en France avec (Marine) Le Pen, s'est passé au Brésil avec moi".
Droits et Libertés est une émission préparée, produite et présentée par Sandrine Blanchard
Avec un merci cette semaine à Christoph Hasselbach et Astrid Prange De Oliveira