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PDCI-RDA : "Il faut laisser le peuple ivoirien choisir"

10 septembre 2025

Interview avec Soumaïla Bredoumy, le porte-parole du PDCI-RDA, parti de l'opposant Tidjane Thiam dont la candidature à la présidentielle d'octobre 2025 n'a pas été validée.

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Montage des portraits de Tidjane Thiam, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo (illustration)
Tidjane Thiam, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo... ne s'affronteront pas dans les urnes car les deux opposants n'ont pas été autorisés à se présenter face au président sortant, en octobre 2025Image : DW

En Côte d'Ivoire, le Conseil constitutionnel n'a donc retenu que cinq candidatures sur la soixantaine de dossiers déposés, en vue de l’élection présidentielle du 25 octobre.

Parmi les candidatures rejetées, il y a celles des deux principaux rivaux du chef d'État en exercice : son prédécesseur, Laurent Gbagbo, inéligible depuis sa condamnation, en 2018, pour le "braquage" de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, et Tidjane Thiam, le leader du PDCI-RDA, héritier des anciens présidents Henri Konan Bédié et Félix Houphouët-Boigny

Le porte-parole du PDCI-RDA parle d'un "harcèlement" de la part des autorités pour empêcher Tidjane Thiam de se présenter. D'une façon générale, Soumaïla Bredoumy dénonce des élections manipulées pour garantir la réélection d'Alassane Ouattara, pour un quatrième mandat que l'opposition considère comme anticonstitutionnel.  

Écoutez Soumaïla Bredoumy, qui s’exprime aussi sur la tactique de son parti à l'approche du vote et d'éventuels ralliements. 

Interview du porte-parole du PDCI-RDA, Soumaïla Bredoumy

Interview de Soumaïla Bredoumy, porte-parole du PDCI-RDA

 

DW: Quelle a été votre réaction à la publication de la liste des candidatures validées par le Conseil constitutionnel pour la présidentielle d'octobre prochain ?

Monsieur Tidjane Thiam est reconnu au niveau mondial dans les finances. Il a été d'abord candidat pour être président du PDCI-RDA à la suite de la mort du président Henri Konan Bédié, qui était président après Houphouët-Boigny, le fondateur du parti.

Dès qu'il est allé en Côte d'Ivoire pour être candidat, les harcèlements ont commencé pour l'empêcher d'être candidat. 
En ce qui concerne les autres candidats, sur 60, c'est vrai qu'il y en a qui ne remplissent pas certaines conditions, mais les candidats qui ont une audience au niveau national ont tous été éliminés. Le parti au pouvoir veut choisir lui-même ses candidats pour aller faire une mascarade d'élection et [obtenir] un 4e mandat qui, lui, est inconstitutionnel.

Abidjan 2025 | Jean-Louis Billon annonce sa candidature à la présidentielle 2025
Jean-Louis Billon sera candidat à la présidentielle 2025Image : Sia Kambou/AFP

DW : Cela dit, parmi les les candidatures qui ont été retenues, il y a celle de l'ancien ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, qui est issu du PDCI. Est-ce que ça n'est pas l'assurance que des idéaux proches au moins de ceux de votre parti seront mis en avant durant la campagne qui débutera dans un mois ?

Monsieur Billon ne défend pas les idéaux du PDCI-RDA ! 
Il a fait des va-et-vient entre d'autres partis politiques et Monsieur Billon a été toujours opposé à Monsieur Tidjane Thiam. On ne peut pas défendre les idéaux d'un parti politique et être contre la personne qui incarne justement les idéaux de ce parti.

 Simone Ehivet Gbagbo en interview (septembre 2022)
Le PDCI-RDA critique l'éloignement de Simone Ehivet Gbagbo de ses engagements au sein du CAP-CIImage : Julien Adayé/DW

DW : Une autre personne figure importante sur la scène politique ivoirienne dont la candidature a été retenue, c'est Simone Ehivet Gbagbo, ex-épouse de l’ancien président, Laurent Gbagbo. Elle a appelé à l'union de l'opposition. Quelle va être la réponse de votre parti à cet appel ?

Nous estimons que le Mouvement qu'elle dirige a été dans ce qu'on appelle le Cap-CI, la Coordination des partis pour une alternance pacifique en Côte d'Ivoire, que préside le président Tidjane Thiam.

Notre premier objectif, c'est que nous luttions pour qu’il y ait des élections inclusives.  Et [Simone Gbagbo] a adhéré à cette idée. Mais les élections sont pas inclusives et elle estime que le Conseil constitutionnel a fait un bon travail. Donc nous estimons que la vision qu'elle défend ne sont plus totalement les visions initiales que nous avions voulues.
Nous sommes en train de poursuivre la lutte pour que ces élections soient inclusives et démocratiques.

Côte d'Ivoire, présidentielle 2020 | Assesseur dans un bureau de vote installé dans une salle de classe d'Abobo (illustration)
Le PDCI-RDA reproche aussi le fait que les listes électorales n'aient pas été actualisées pour la présidentielle de 2025Image : Julien Adayé/DW

DW : C'est-à-dire que la candidature de Tidjane Thiam soit quand même autorisée ?

Que Tidjane Thiam soit autorisé, que Gbagbo Laurent soit autorisé, que Soro Guillaume, s’il le veut, soit autorisé et que, pour une fois, les Ivoiriens choisissent.

 

DW : Le RHDP, parti au pouvoir, parle déjà d'un "coup KO" avec Alassane Dramane Ouattara qui serait réélu dès le premier tour. Ça vous inspire quoi ?

C’est parce qu'ils veulent un "coup KO" qu'ils ont éliminé les candidats les plus importants.

Sinon, en Côte d'Ivoire aujourd'hui, dans une élection normale, ouverte, démocratique et transparente, aucun parti politique ne pourrait se permettre de dire [qu’il serait élu] au premier tour.

Mais nous savions cela. De toute façon, les informations que nous avons, c'est que les candidatures sont plus ou moins arrangées.  Le score même est connu d'avance et des négociations actuellement sont en cours pour savoir quelle part il faut donner [au parti RHDP et quelle part] aux quatre autres candidats… Je ne sais pas si c'est vrai, mais nous avons ces informations.

 

DW : Est-ce que cela veut dire que votre parti ne donnera pas de consigne de vote à vos partisans ?

Il n'est pas question de dire qu'on a abdiqué et qu'on va donner des consignes de vote.

Pour le moment, on est en train de réfléchir. Il y a encore des voies [de recours], même si elles sont minces, elles existent, et nous allons épuiser toutes ces voies avant de pouvoir penser à d'autres alternatives.
Le problème pour nous c'est la loi : la loi dit "Il faut pas faire plus de 2 mandats" et "Il faut laisser le peuple avoir ses choix". Laisser les gens qui le veulent se présenter face au peuple et que le peuple puisse choisir.