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EconomieAfrique

"La libre circulation est une opportunité"

Jean-Fernand Koena
10 septembre 2025

Interview avec Lucas Abaga Nchama, ministre de l'Intégration régionale de la Guinée équatoriale.

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Notre invité de la semaine est Lucas Abaga Nchama, ministre de l'Intégration régionale de la Guinée équatoriale.

En mission à Bangui, il parle de la performance économique des États membres de la Cémac et explore aussi les forces et faiblesses d'ouverture à d'autres pays.

Pour lui, l'intégration est la seule réponse pour empêcher l'immigration des jeunes Africains qui meurent en traversant l'Atlantique.

"La croissance doit dépasser la natalité en Afrique" (Régis N’Sondé)

 

Suivez l'interview avec Lucas Abaga Nchama

 

DW: Comment se porte l'économie au niveau ssous-régional de la Cemac ?

l'Afrique centrale se porte bien, les choses évoluent, il suffit de voir.

Nous sommes ici à Bangui, il y a beaucoup de transformations, beaucoup d'investissements et c'est de bonne augure pour l’Afrique centrale.

La crise économique actuelle n'est pas propre à la région de l'Afrique centrale, elle est d'abord mondiale, il y a des guerres, il y a les urgences, les protectionnismes et beaucoup d'autres facteurs qui font que, effectivement, une sous-région comme l'Afrique centrale, c'est-à-dire la Cemac qui a des économies qui exportent bien, a des économies extraverties qui subissent l'impact de cette conjoncture mondiale. Avec un taux de 2 à 3% c'est pas mauvais. Dans d'autres pays ou d'autres communautés, le taux de croissance est beaucoup plus faible.

 

DW : Les chefs d'État lors de la réunion de Malabo ont décidé d’élargir le marché à d'autres pays de la CEAC. Est-ce une opportunité ou une fragilité ?

C'est une opportunité. Vous savez que la vision de l'intégration de nos chefs d'État est d’élargir.

Nous sommes membres de la CEAC. La CEAC, c'est la région de l'Afrique centrale où il y a 11 pays et dans le cadre de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, mais aussi de la Zlecaf qui prône la libre circulation des biens des personnes en Afrique.

Donc nous pensons que c'est une bonne chose que les Africains, pas seulement le commerce, mais aussi les jeunes au niveau culturel aient une ouverture des frontières.

Malheureusement beaucoup de choses se passent dans la Méditerranée et si on ouvre avec les pays de l'Afrique centrale, et peut-être plus tard à tout le continent, l’ouverture est une bonne chose pour notre région d'Afrique.

 

DW : Qui dit ouverture dit exonération. Beaucoup de pays membres de la Cemac redoutent le fait que ces exonérations font baisser par exemple les recettes douanières.

L'exonération, je crois pas, il faut déjà une union douanière.

Quand les produits circulent, c'est que dans un espace, il y a des accords. Ce n'est pas le fait de promouvoir les échanges et la libre circulation en Afrique qui est de mauvais augure.

D'abord, ça va augmenter l'activité. Si quelqu'un qui a des projets d'investissement, il veut s'installer ici à Bangui, il viendrait sans avoir besoin de subir les goulots d'étranglement qui ici et là l'empêchent de circuler dans tous les domaines.

Et donc par conséquent nous pensons que ce que font tous les pays de la Cemac va dans le bon sens.

 

DW : Cela fait déjà plusieurs années que le pays de la Cemac ont opté pour libérer le marché mais la libre circulation des biens et des personnes pose aujourd'hui problème pour certains pays, par exemple de la Guinée équatoriale et du Gabon. Pensez-vous que l'ouverture avec d'autres pays, à l'exemple de la RDC et de l'Angola qui ont une forte démographie, peut faire le jeu ?

Non. D'abord, je voudrais vous rassurer, la libre circulation est effective dans la Cemac.

Dans tous les pays sur la voie terrestre il y a toujours des brebis galeuses. Il faut bien former les policiers, mais pour ceux qui prennent le transport aérien, un Centrafricain n'a pas besoin de visa pour aller en Guinée équatoriale aujourd'hui.

C'est pour cela que la libre situation est déjà effective.

La libre situation est une opportunité pour un processus d'intégration parce que les échanges, le fait que les savoir-faire des uns et des autres, le fait que l'échange entre les pays, la circulation des savoir-faire, la circulation des biens, la circulation de beaucoup de choses est quelque chose de prix.

D'ailleurs, c'est une condition nécessaire pour la réussite d'un processus d'intégration.

Donc Angola ou la RDC qui a 100 000 000 d’habitant, c'est une opportunité.

Si y a des entrepreneurs centrafricains qui ont des idées, ils veulent les faire marcher.

Et si y a la libre circulation, pourquoi pas ?

La libre circulation ne signifie pas nécessairement que les gens vont envahir le pays !

Donc je pense qu’il faut aller dans le sens de l'agenda de l'Union africaine à l'horizon 2063, la Zlecaf pour ouvrir, pour faire en sorte que les jeunes n'aillent plus en Europe pour chercher du travail et mourir en cours de route.

Et que si quelqu'un a besoin de travail ici, il puisse aller à Brazzaville, à Malabo et n’importe où dans la région de l’Afrique centrale, et pourquoi pas au Congo ?

 

DW : L'un des défis, c'est aussi la question de santé, la déclaration finale met un accent particulier là-dessus. Pour investir beaucoup plus dans la santé, vous misez sur la contribution de chaque État à niveau de combien de pourcent pour atteindre ses objectifs ?

C'est pas une question de pourcentage, mais de politique communautaire.

D'ailleurs, parmi les décisions qui ont été prises aujourd'hui, la santé était d'actualité et on a décidé de créer un fonds pour créer une nouvelle structure qui va anticiper, qui va faire la prévention des pandémies qui peuvent venir à tout moment.

C'est vrai, nous avons déjà la Cemac mais la Communauté est effectivement proactive dans ce domaine pour faire en sorte que pour améliorer les infrastructures hospitalières et cetera.

Et je ne peux pas vous donner un pourcentage. C'est vrai que le Fonds monétaire international, j’ai des chiffres mais une seule chose est certaine :  la Cemac investit beaucoup de ressources pour les questions de santé.