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Inondations à Kinshasa : "Où sont les autorités ?"

10 avril 2025

Six jours après la catastrophe, ceux qui ont tout perdu s'interroge sur l'action du gouvernement congolais.

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Inondations dans le quartier de Limete Salongo à Kinshasa
Six jours après les inondations, de nombreuses familles vivent encore les pieds dans l'eau mais sans accès à l'eau potable Image : Merveille Assani/DW

L'eau a atteint environ trois mètres de hauteur chez Crispin Mutombo. Cet habitant de Limete Salongo, l'un des quartiers de la capitale congolaise touchés par les inondations du 4 avril, tente, tant bien que mal, d'évacuer l'eau de sa maison. Les yeux embués, il explique qu'il a tout perdu : appareils électroménagers et une partie de son argent :

"Nous avons compris que la situation devenait grave en observant la montée des eaux. Dès lors, deux choix s'offraient à nous : certains ont pris les enfants et sont montés à l'étage, tandis que d'autres ont préféré sauver leurs biens matériels en les montant sur les toits. Sur notre avenue, la pirogue de secours est arrivée assez tard. Il fallait prévoir au moins 100.000 Francs congolais, soit 31 euros. Sans cet argent, il était difficile d'être évacué."

Elizabeth Bambale, qui vit à quelques mètres de Crispin Mutombo, tente de sauver les vêtements de ses enfants. Elle déplore les ravages des inondations : "Beaucoup de choses ont été emportées par l'eau. Je n'ai rien pu récupérer, alors j'essaie de sauver quelques habits."

Un véhicule submergé par les eaux à  Kinshasa
Selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur, une trentaine de personnes ont perdu la vie dans les inondations et plusieurs autres ont été déplacéesImage : HARDY BOPE/AFP/Getty Images

Responsabilité des autorités 

Pour elle, il ne fait aucun doute que la construction sur des terrains non habitables, près de la rivière Ndjili, est en partie responsable des inondations : "Ceux qui ont construit près de la rivière sont responsables de ces inondations. Il faut trouver une solution : soit on déplace ces habitants pour que la rivière puisse suivre son cours, soit elle continuera à revenir vers nous. La rivière déborde parce qu'elle ne peut pas s'écouler normalement."

Si certains évoquent la responsabilité des riverains ou la colère de la nature, Me Désiré Kelende, qui a perdu sa maison et tous ses documents professionnels, évoque-lui, la responsabilité des autorités.

"Le gouvernement nous a abandonnés. Comment expliquer qu'ils ne soient même pas venus constater les dégâts ? Des mesures ont été prises pour accueillir les sinistrés au stade des Martyrs. Cependant, je crains qu'avec cette mesure, même ceux qui ne sont pas réellement sinistrés profitent de l'occasion. Si nous avions consulté les chefs d'avenue, nous aurions pu faire un recensement pour savoir qui a réellement besoin d'aide."

"Le gouvernement nous a abandonnés" (Désiré Kelende)

Le 7 avril, une commission spéciale a été mise en place lors de la plénière à l'Assemblée provinciale de Kinshasa, pour enquêter sur les causes de ces inondations.

Le problème de l'eau potable

Le manque d'eau potable aussi est devenu un fléau supplémentaire pour ces familles déjà frappées par la catastrophe. Privées de cette ressource vitale, elles sont confrontées à un risque accru de maladies telles que la diarrhée, le choléra et d'autres infections liées au manque d'hygiène.

Lors des inondations, trois usines de captage d'eau ont été endommagées dans la ville de Kinshasa : celles de Lukaya, Ndjili et Mitendi, privant ainsi 14 communes d'eau potable. Face à cette crise, le ministère des Ressources Hydrauliques et de l'Électricité a déployé des camions-citernes pour approvisionner les zones touchées.

 

Vue aérienne de Kinshasa
Merveille Assani Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique