En RDC, Constant Mutamba dénonce un complot du Rwanda
18 juin 2025Dans sa lettre de démission en date du mardi (17.06.2025) et qui circule sur les réseaux sociaux, le désormais ex-ministre de la Justice de RDC, Constant Mutamba a d’abord défendu son bilan. Il a évoqué des réformes audacieuses "menées après de nombreux sacrifices et malgré la résistance de conservateurs hostiles au changement".
Constant Mutamba est revenu sur le désengorgement dans les prisons comme faisant partie de la "thérapie adaptée à la maladie dont souffre notre Justice". Selon le ministre démissionnaire, toutes ces réformes ont permis de restaurer la confiance des Congolais envers la Justice.
Allusion à l’affaire de détournement présumé dans laquelle il est impliqué, Constant Mutamba s’est dit "surpris par un coup de poignard, à travers un complot politique visiblement conçu à Kigali et exécuté par certains de nos compatriotes, visant à freiner cet élan de réformes et de patriotisme". Selon lui, ce complot viserait à désorganiser la riposte gouvernementale face à "l’agression rwandaise".
Intégrité et engagement
Constant Mutamba, dans sa lettre, met en avant son degré d’intégrité et d’engagement envers son pays et sa loyauté indéfectible envers le président Félix Tshisekedi. Il se dit prêt à ne pas abandonner "le combat pour une Justice juste et équitable pour tous" et le "combat contre les envahisseurs". Il a indiqué qu’il remet sa démission avec regret "pour faire face à ce complot politique dont se revendique le ministre rwandais des Affaires étrangères". Ajoutant que l’AFC/M23 soutenu par le Rwanda chercherait son élimination physique.
Les Congolais, eux, attendent l'ouverture d'un procès contre l’ex-ministre de la Justice, Constant Mutamba. Soupçonné d'être impliqué dans une affaire de détournement de 19 millions des dollars sur les 39 millions destinés à la construction d'une prison à Kisangani, Constant Mutamba a annoncé sa démission mardi (17.06.2025) au président Félix Tshisekedi.
A l'Union pour la démocratie et le progrès social, l'UDPS, parti du président Tshisekedi, on croit en une justice impartiale et coercitive dans un Etat de droit. Christian Lumu Lukusa est le président de la ligue des jeunes de l'UDPS. Il fait savoir que "la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, bref, la mauvaise gouvernance, avait déjà été amorcée par le président de la République. Comme il y a eu des soupçons sur un prétendu détournement par le ministre Constant Mutamba, c'est tout à fait normal que ces dénonciations soient faites, parce que tous nous décrions la corruption et les détournements".
"Mais aussi, je pense que la procédure avait été respectée sur sa mise en accusation. Nous restons confiants et optimistes que la justice sera dite de manière impartiale. Si le ministre est malhonnêtement reproché, je pense qu'il sera rétabli dans ses droits. Nous estimons que ce genre de procédures va nous aider à mettre fin à la corruption."
Signal fort
Le centre de recherche en finances publiques et développement local, le CREFDL, se félicite pour sa part de la procédure vers l'ouverture d'un procès contre l’ex-ministre congolais de la Justice. Valéry Madianga, coordonnateur du CREFDL, parle d'un signal fort.
Valéry Madianga note que "cela constitue un pas vers la bonne direction. Il était le chantre de la lutte contre la corruption. Il a été pris au piège lui-même. Il devrait faire respecter tous les textes de gestion des finances publiques. Lui-même devait prêcher par l'exemple".
"Cette lutte contre la corruption ne devrait pas se limiter au cas du ministre de la Justice. Nous connaissons qu'il y a plusieurs ministres qui ont tenté de s'octroyer des avantages indus et qui continuent à fonctionner ou qui sont en liberté. C'est un signal fort comme je l'ai déjà dit. Mais il faudrait que s'il y a un procès demain, ce procès devrait permettre à ce que les fonds qui ont été indûment perçus par le ministre et ses collaborateurs soient reversés dans la caisse du trésor public. Au cas où les faits sont établis, que tous les biens indûment perçus soient confisqués par l'Etat."
Les cas de détournements de fonds publics sont fréquents en RDC, où l'indice de perception de la corruption est l'un des pires au monde, selon l'ONG Transparency International.
En tant que ministre, Constant Mutamba avait déclaré vouloir rendre la peine de mort applicable aux condamnés reconnus coupables d'avoir détourné l'argent de l'Etat.