Il y a 80 ans, Bonhoeffer était assassiné par les nazis

Le 9 avril 1945, soit un mois avant l'effondrement du troisième Reich, Dietrich Bonhoeffer était pendu dans le camp de concentration bavarois de Flossenbürg. Une chute pour laquelle ce pasteur luthérien s'était longtemps battu. Opposé à la dictature d'Adolf Hitler, Dietrich Bonhoeffer est aujourd'hui encore une figure vénérée… et récupérée, partout dans le monde. 

Dietrich Bonhoeffer s'engage très tôt dans la lutte contre le régime nazi. Il rejoint l'Église confessante, créée en 1934 comme mouvement d'opposition au nazisme.
Mais prêcher seul, ne lui suffit pas. En 1939, il intègre le service de contre-espionnage de l'armée allemande, où il agit en tant qu'intermédiaire.
Le professeur Florian Höhne, président de la section germanophone de l'Association internationale Bonhoeffer, explique :

"Il n'a pas participé directement à des projets d'assassinat, mais il en avait connaissance. Il avait deux fonctions majeures : d'abord, utiliser ses contacts œcuméniques pour échanger des informations, afin que les Alliés soient informés des plans de déstabilisation du régime nazi. Il devait s'assurer qu'ils étaient prêts à engager des négociations de paix. Sa seconde mission consistait à être une sorte d'aumônier pour ses compagnons de complot."

En 1945, les actes de résistance de Dietrich Bonhoeffer sont découverts. Il est emprisonné pendant deux ans, avant d'être exécuté.

Héritage disputé 

Après la guerre et donc après sa mort, il devient une icône pour les théologiens, les défenseurs des droits humains et les démocrates… mais aussi, de façon plus controversée, pour certains conservateurs de droite, comme les partisans de Donald Trump. 

Pour eux, Dietrich Bonhoeffer incarne la révolte contre le soi-disant deep state, cette idée qu'un pouvoir occulte tirerait les ficelles de la politique et de la société. Mais l'Association Bonhoeffer s'oppose fermement à cette instrumentalisation.

"Bonhoeffer était un pacifiste chrétien. Il a longtemps résisté à l'idée de recourir à la violence. Il prônait la paix et ce qui unit les nations avec le Christ. Il s'est engagé pour les faibles et les sans-droits. Et tout cela ne correspond en rien à ce que défendent les nationalistes chrétiens aujourd'hui."

Et selon Florian Höhne, la pensée de Dietrich Bonhoeffer a encore beaucoup à nous apporter aujourd'hui : "Je pense que nous avons beaucoup à apprendre de sa notion de responsabilité, notamment en matière politique et éthique. Il s'agit de faire ce qui est relativement le mieux dans une situation donnée… et non de chercher un bien absolu. Il s'agit d'assumer une responsabilité, en particulier envers les plus faibles."

À l'occasion du 80e anniversaire de l'exécution de Dietrich Bonhoeffer, une série d'événements commémoratifs est organisée, notamment dans le sud de l'Allemagne.