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Hausse de la consommation et du trafic de drogues en Afrique

27 juin 2025

Pouvoir renforcé du crime organisé et consommation record : l'instabilité mondiale a aussi des conséquences sur le trafic de drogues sur le continent africain.

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Un toxicomane prépare sa dose de crack avant de la consommer.
La cocaïne est le marché des drogues illicites qui connaît la plus forte croissance au monde estime l'ONUCD, une instance basée en Autriche.Image : Jeffrey Arguedas/dpa/picture alliance

L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, (ONUDC), a publié ce jeudi (26.06,2025) son rapport annuel. Il en ressort que les dynamiques liées au trafic de drogue évoluent rapidement en Afrique, notamment en Afrique de l'ouest.

Ces dynamiques, elles se caractérisent à la fois par une hausse de la consommation de substances nocives, par une diversification des drogues consommées et  par une expansion des réseaux criminels - notamment pour ce qui est du trafic de cocaïne.

Éclairage avec François Patuel, chercheur principal sur l'Afrique de l'ouest et du centre au bureau régional de l'ONUDC à Dakar, au Sénégal. 

"Ce qui est particulièrement inquiétant, c'est l'émergence de nouvelles drogues" (François Patuel)

Lisez ou écoutez son interview ci-dessous

François Patuel : Le cannabis reste la drogue la plus consommée sur tout le continent. Beaucoup du cannabis provient et est produit en Afrique et il est consommé assez largement aussi en Afrique. 

Mais ce qui est particulièrement inquiétant, c'est l'émergence de nouvelles drogues, y compris certaines drogues à base de cannabis comme le kush.

Le kush qui est une une mixture, un cocktail entre du cannabis mais aussi des opioïdes de synthèse très puissants. Ces deux substances sont des substances qui sont liées à des taux de mortalité très importants, ce qui explique pourquoi le Liberia et la Sierra Leone ont déclaré un un État d'urgence sanitaire par exemple en 2024.

DW : Outre la position géographique stratégique de cette région, est ce qu'il y a d'autres facteurs qui interviennent dans cette augmentation de la consommation et du trafic ? 

François Patuel : On est dans un contexte global aujourd'hui d'instabilité. Un contexte également où il y a des coupes massives à la fois de l'aide au développement mais aussi un réalignement des priorités en matière budgétaire. Et évidemment, ces coupures ont un impact direct sur la possibilité pour les usagers de drogues de trouver des centres de traitement, pour les autorités de mettre en place des campagnes de sensibilisation. Ça, couplé avec le fait qu'il y ait de plus en plus d'offres dans la région, fait qu'il y a un vrai risque que la consommation augmente. 

Le contexte d'instabilité avec la résurgence des conflits et la montée des nationalismes, évidemment remet en question des mécanismes de coopération policière ou judiciaire qui existaient par le passé et qui permettaient notamment de démanteler des chaînes entières de trafic.

DW : Pourtant, quand on prend les pays, par exemple le Mali, le Niger et le Burkina Faso qui ont créé l'AES, l'alliance des États du Sahel, notamment pour essayer d'améliorer la sécurité, est-ce que ça a eu un effet cette mutualisation des forces  par exemple entre ces trois pays ?

François Patuel : On voit qu'il y a eu des très grosses saisies qui ont été faites, qui montrent qu'il y a un effort vraiment d'identifier, de détecter et de saisir les convois de cocaïne. Il y a également eu des convois importants de résine de cannabis par exemple, qui sont saisis. D'autres types de produits comme le tramadol ou la prégabaline. Donc, il y a un effort des autorités de saisir. Maintenant, il faut vraiment avoir une coopération régionale et internationale forte.