En RDC, Uvira sous la menace constante de l’AFC/M23
11 juillet 2025La ville d’Uvira a accueilli de nombreux déplacés depuis l’occupation de Goma et Bukavu, les capitales des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Ce qui fait peur aux habitants, c’est surtout la sur-militarisation de la ville d’Uvira et ses environs malgré les pourparlers qui sont en cours à Doha, au Qatar.
Claude, riverain du port de Kalundu, dit avoir "vu beaucoup de militaires déployés ici dans la ville d’Uvira en provenance de Kalemie. Ils sont vraiment nombreux, lourdement armés".
"Aussitôt arrivés, certains ont marché à pied, d'autres dans des camions, en direction des lignes de front vers Luvungi dans la plaine de la rivière Ruzizi. D’autres se sont dirigés vers les montagnes qui surplombent Uvira pour stopper l'avancée des positions rebelles dans les montagnes d'Uvira."
Le front ouvert par l’AFC/M23 vers Uvira s’est stabilisé en avril lorsque les rebelles ont occupé Katogota, premier village situé au nord du territoire d’Uvira. Plusieurs tentatives de progression ont été stoppées par les combattants Wazalendo supplétifs de l’armée congolaise positionnés dans la cité de Luvungi et dans les hauts plateaux d’Uvira.
Rebelles lourdement armés
Alors que les militaires de l’armée congolaise et les Wazalendo présents dans la ville ont promis des opérations pour chasser leurs ennemis et rétablir la paix, des images prises aux portes de Bukavu ont aussi prouvé que l’AFC/M23 a fait venir ses hommes du Nord-Kivu vers le Sud-Kivu afin de renforcer d’autres colonnes des rebelles lourdement armés qui ont été visibles sur les axes Bukavu-Nyangezi-Kazib et Nyangezi-Kamanyola, proches du territoire d’Uvira.
Dans un communiqué, le porte-parole de l’AFC/M23 Lawrence Kanyuka a alerté face à ce qu’il qualifie de déploiement massif et provocateur des troupes et d’équipements militaires sur l’ensemble du front par le régime de Kinshasa. Il a accusé les forces coalisées, y compris l’armée burundaise, de braquer délibérément les armes lourdes vers des zones densément peuplées.
Cette instabilité sécuritaire a occasionné le déplacement d’environ 40 000 personnes qui vivent dans des conditions difficiles, selon les autorités civiles d’Uvira. Akili est l’un des déplacés, il a fui son village de Katogota jusqu’à Sange. sa famille vit sans assistance :
"Je suis ici depuis le 15 février 2025. Nous n’avons jamais été assistés ni par le gouvernement de Kinshasa, ni par le gouvernement provincial. Nous avons même enregistré certains cas de morts car nous n’avons jamais reçu une assistance médicale. Nous demandons à nos autorités de nous venir en aide."
Risque d’escalade
La société civile d’Uvira s’inquiète du risque d’escalade de la violence alors que le gouvernement congolais et les rebelles du M23 ont repris les pourparlers de Doha. Byamungu Shamamba, président de la nouvelle société civile congolaise, exhorte les deux parties au bon sens pour préserver les vies humaines.
"La population est victime du règlement de compte entre Kinshasa et Kigali, fait remarquer Byamungu Shamamba. Nous appelons notre gouvernement et ces rebelles du M23 appuyés par le Rwanda à faire tout ce qui est possible afin de regagner la table du dialogue, et que ce dialogue soit franc où il doit y avoir une représentativité de la société civile qui est la bouche et l'œil de la population congolaise."
Dans son allocution à l’occasion des 65 ans de l’indépendance de la RDC, le gouverneur du Sud-Kivu, le professeur Jean-Jacques Purusi, a exhorté ses compatriotes à barrer la route à toute tentative d’occupation de l’est de leur pays pour des fins économiques. Il a exigé que justice soit faite pour toutes les victimes de cette guerre qui dure depuis trois décennies.