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EconomieGuinée

La Guinée face à "une crise de livraison de billets"

15 juillet 2025

La crise de liquidité met l'économie guinéenne dans une situation difficile obligeant la Banque centrale du pays à commander plus de trois mille milliards de francs guinéens.

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Le Palais  Sékhoutoureya à Conakry.
La crise de liquidité met l'économie guinéenne dans une situation difficile surtout les petits commerces et les moyennes entreprises.Image : DW/B. Barry

La pénurie de billets de banque, qui dure depuis trois mois, pèse sur le quotidien des populations. Les banques ont mis en place des plafonds de retrait, ce qui limite l’accès des Guinéens à leur propre argent. Dans une économie qui repose beaucoup sur les échanges d’argent liquide, cette crise frappe d’abord les cambistes et les commerçants qui peinent à conduire leurs activités. 

C’est le cas de Thierno Mamadou Diallo, commerçant à Kagbelen, une des douze communes de la capitale, Conakry. Celui-ci éprouve de grandes difficultés pour encaisser un chèque de 300 millions de francs guinéens, soit environ 30.000 euros. 

"Ce matin, je me suis rendu dans une agence bancaire. J'avais un chèque de 300 millions de francs guinéens. On m’a dit que je pouvais encaisser 10 millions ou 20 millions, au maximum. Le gouvernement nous parle de manque de billets. Ils disent qu'il n'y a pas une crise de liquidité. Alors que nous, en tant que profane, nous ne connaissons pas la différence entre la liquidité et le billet. Nous constatons que dans le marché, il n'y a pas de billets. Ça frappe même ceux qui font un retrait de 50.000 francs guinéens. Ça frappe tout le marché. Il n’y a pas de liquidité" assure t-il.

Un marché dans la banlieue de Conakry
Les échanges commerciaux se font essentiellement avec l'argent liquide.Image : DW/B. Barry

Une crise de livraison de billets

A la banque centrale de Guinée, on parle en effet d’une crise de livraison de billets et non d’une crise de liquidité. Le gouverneur de l'institution Karamo Kaba a annoncé des mesures pour atténuer cette pénurie. 

"Aujourd'hui, quelqu'un qui est bancarisé, il n'a pas de problème. Le problème, est que nous avons une trop grande utilisation du cash. Nous avons une baisse au niveau des billets que la Banque centrale possède" explique le gouverneur qui assure par ailleurs que l'institution a "vu les fabricants de billets et ils vont accélérer les livraisons au niveau des billets".

La Guinée devrait avoir "au mois d'août, 500 milliards qui vont venir. Nous allons avoir, au mois de septembre, plus de 1.500 milliards qui vont arriver. Au mois d'octobre, on aura à peu près 600 ou 700 milliards. On va passer ce cap. Je veux vraiment rassurer les populations. Nous allons passer cette étape" précise le gouverneur qui reconnait que "c'est un moment un peu compliqué".

Le palais Mohamed V de Conakry
Les autorités politique de transition essaient de rassurer les populations face à la pénurie de liquidité sur les marchés.Image : DW/B. Barry

"Nous sommes en train de prendre des dispositions. Mais tout le monde sera payé. Je tiens à rassurer tout le monde", dit par ailleurs Karamo Kaba, gouverneur de la Banque centrale guinéenne.

Une question de manque de billets

Pour l’économiste Mamadou Sanoussy Diallo, c’est bien une pénurie de billet qui touche le pays. "Aujourd'hui, pour un fournisseur donné, quand vous le livrez par exemple avec de la matière première, si ce fournisseur vous fait un chèque et si vous partez à la banque, le problème sera comment avoir des billets. Ce sont les billets qui posent un problème. Mais si, par exemple, vous devez payer quelqu’un, on est en mesure de faire des virements depuis votre compte. Donc, à partir du moment où c'est la monnaie électronique, il n’y a pas de crise" explique l'économiste.

L'Union des Consommateurs de Guinée a appelé le gouverneur de la Banque centrale guinéenne à la transparence sur l’origine de cette crise, pour restaurer la confiance des Guinéens. 

Skyline de Conakry
Mohamed Touré Correspondant en Guinée pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais