Des "biens mal acquis" qui font toujours des vagues
16 juillet 2025"Paternalistes" et "néocoloniales" : c'est ainsi que la Guinée équatorialea qualifié, ce mardi (15.07.2025), l'attitude de la France dans une vieille affaire de biens considérés comme acquis frauduleusement. Une affaire de bien mal acquis qui s’ajoute à d’autres sur le continent.
Dans l'affaire de l'immeuble de luxe qui l'oppose à la France, la Guinée équatoriale a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ) de rendre des ordonnances d'urgence contre Paris.
L'immeuble, qui comprend un cinéma, un hammam et des sanitaires en marbre et en or, avait été saisi après la condamnation pour corruption, par la justice française, du vice-président équato-guinéen Teodoro Nguema Obiang Mangue, le fils aîné du président.
Il avait été condamné à une peine de trois ans de prison avec sursis ainsi que de 30 millions d'euros d'amende. Dans le cadre de l'exécution de ce jugement, des biens, dont le luxueux immeuble de l'avenue Foch, d'une valeur estimée à plus de 100 millions d'euros, avaient été donc saisis.
Une saisie en vertu d'une loi visant les fortunes frauduleusement acquises par des dirigeants étrangers. Une "approche inacceptable" pour les autorités équato-guinéennes.
Des critiques de Malabo
Pour Carmelo Nvono-Nca, ambassadeur de Guinée équatoriale en France, on pourrait même la qualifier de "paternaliste", voire de "néocoloniale". Il l'a dit devant les juges de la CIJ, qui statue sur les différends entre Etats membres de l'Onu.
Pour Paris, il s'agit d'une manœuvre abusive de la Guinée équatoriale auprès des juges. Pour sa défense, la France assure que les fonds obtenus par la vente des avoirs confisqués ont "vocation à être restitués à la population équato-guinéenne", en accord avec un mécanisme de restitution inscrit dans la loi française.
145e rang sur 191 sur l'échelle du développement humain des Nations unies, en 2021, la Guinée équatoriale est considérée comme l'un des pays les plus inégaux du monde, en raison notamment de la corruption.
Alors que les hydrocarbures représentent la grande partie de ses exportations, la majorité des habitants vivraient avec un dollar par jour.
Mais quand on parle de bien mal acquis, la Guinée Equatoriale n'est pas le seul pays sur la sellette.
Les précédents gabonais et congolais
L'organisation Sherpa est ainsi à l'origine de procédures en France concernant des biens mal acquis par la famille Bongo au Gabon. Après 15 ans d'enquête, le juge d'instruction a signifié, début avril, la fin des investigations, ouvrant la voie vers un procès.
Des biens immobiliers se trouvant en France et appartenant à certains membres de la famille Bongo seraient en effet le fruit de détournements de fonds publics.
Des détournements qui auraient été commis sous le pouvoir d'Omar Bongo, le père d'Ali Bongo, renversé par un putsch en août 2023.
Dans cette affaire, une vingtaine de personnes sont mises en examen. Des personnes physiques et morales mises en cause et poursuivies pour recel de détournement de fonds publics, d'abus de biens sociaux et de corruption.
Dans les affaires de bien mal acquis, le nom du président congolais, Denis Sassou Nguesso, et ceux de ses proches, sont aussi souvent cités pour des cas de détournement des revenus du pétrole congolais.
Des opérations illégales qui leur auraient permis de financer des acquisitions immobilières et des achats de produits de luxe, via des circuits complexes, alimentés par des fonds publics.