Malgré les promesses, Conakry reste envahie par les ordures
5 août 2025Il suffit de longer les grands axes deConakry ou de visiter certains quartiers comme Matam, Bonfi, Dabondy, Entag ou Yimbaya pour comprendre l’ampleur du phénomène.
Des montagnes de déchets longent les routes, et sont parfois brûlées à l’air libre ou souvent laissées à l’abandon. Conséquence : des caniveaux se trouvent obstrués ou servent de nids aux moustiques et rats.
Selon une étude conjointe du PNUD et de l’Agence nationale de l’assainissement ANA, publiée en 2022, Conakry produit entre 1.000 et 2.000 tonnes d'ordures par an.
Malgré de multiples échecs dans l’assainissement, le gouvernement a confié la gestion des ordures aux communes pour l’instant sans succès. Dans la commune de Matam par exemple, Badra Koné, le président de la délégation, déplore le manque d'incivisme des citoyens :
"Nous travaillons jour et nuit. Nous sommes confrontés à un seul problème, le problème des citoyens qui ne jouent pas le rôle de bon citoyen. Les citoyens qui refusent de s'abonner aux PME qui sont déjà dans leur quartier, qui pensent que la facilité serait de prendre les ordures aller les déverser dans les caniveaux ou sur les chaussées", constate-il.
"Mais l'État au niveau central est en train de prendre les dispositions pour passer bientôt un communiqué interdisant ça. À partir du moment où le communiqué va passer, on va mettre en branle nos services de sécurité pour nous épauler dans la répression sur le terrain."
Des services pas toujours ponctuels
Dans les quartiers, les citoyens se plaignent de l’absence des structures chargées de ramasser des ordures quotidiennement. Fatoumata Ismaël Diallo, une habitante de Matam.
"Je suis abonnée à une PME qui s'appelle Delta du Niger qui passe trois fois dans la semaine. Mais il se trouve que parfois elle -même ne respecte pas le calendrier, on peut passer deux semaines sans que ces gens-là ne viennent. Comme actuellement c'est interdit de mettre les ordures dans les bacs à ordures qui se trouvent aux bordures de la route. Donc on attend qu'il revienne. Donc on cherche d'autres récipients à conserver pour mettre les ordures jusqu'à leur retour."
Fautes de structures adéquates et de coordination pour assainir Conakry, le gouvernement envisage très prochainement la fermeture de la décharge de Dar-Es-Salam. Le Premier ministre Bah Oury se dit bien conscient de l’insalubrité qui gangrène la capitale guinéenne.
"L'assainissement de la ville de Conakry pose beaucoup de problèmes. Des propositions pour que des mesures effectives soient prises le plus rapidement possible pour sécuriser les habitations les plus proches de la décharge. Ça c'est dans l'immédiat et nous souhaitons que rien n'arrive durant cette saison afin que nous déployions toutes les mesures nécessaires pour la fermeture et pour rendre Conakry ville propre dans un avenir le plus proche possible avec moins de risques. Mais en ce qui concerne la décharge, des instructions doivent être prises le plus rapidement possible pour que cette décharge soit fermée", estime le Premier ministre.
Cette décharge de Dar-Es-Salam, avait été victime d’éboulement en 2017 faisant au moins 9 morts. Pour de nombreux guinéens, seule une volonté politique forte et une mobilisation citoyenne active, permettront à Conakry de retrouver un environnement sain.